Dans la série «D’autres habitants de la Terre» (2)
Ou comment présente-t-on d’autres pays du monde dans la presse québécoise d’il y a cent ans. Aujourd’hui : le Japon.
Le texte paraît dans La Tribune, un hebdomadaire de la ville de Saint-Hyacinthe, le 20 mars 1896. Il provient du Chicago Record, un quotidien américain paru de 1893 à 1901.
D’abord le Japon est une terre en miniature dont les maisons n’ont qu’un étage et bâties, non de pierre, mais de matériaux légers. Les hommes ont la grandeur de nos femmes et les femmes jamais plus de 4 pieds 5 pcs là; les poules et leurs œufs sont de la grandeur de nos pigeons; les pipes à tabac et les verres à vin semblent faits pour des poupées; les voitures ont la grandeur de celles dont les bonnes se servent pour promener les bébés […].
Là, le lait, le beurre et le fromage n’ont été que tout dernièrement connus; les femmes disent leur âge vrai et la danse est effectuée par des filles engagées exprès; où l’amour se fait par procuration et la lecture de bas en haut et de droite à gauche de la page; en un mot où toute chose se fait à l’envers de nous.
Les fiancées portent le deuil, les revenants sont les bienvenus, les théâtres ouverts dans la matinée, les vieillards font aller les cerfs volants et les enfants les regardent faire gravement, où l’art de baiser est inconnu, et les feux d’artifice lancés pendant le jour.
Ils mangent des gâteaux de riz avec des marinades au lieu de sirop et lavent leur vaisselle à l’eau froide. En entrant dans les maisons, ils ôtent leurs chaussures et nous, nos chapeaux.
Leur ventre et non leur cœur est le siège de l’affection; ils cultivent le prunier et le cerisier non pour leurs fruits, mais pour leurs fleurs; ils portent les bébés sur leur dos, non dans leur bras, placent leurs chevaux la queue la première à l’écurie; ils écrivent le nom de la ville le premier en adressant une lettre, et celui de la personne dessous.
Chicago Record.
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