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«Une histoire de chat»

Le quotidien montréalais La Patrie qui publie le texte suivant le 28 février 1885 ne donne pas sa référence. Mais sans doute a-t-il puisé cet écrit dans une publication française.

M. Victor Meunier fait dans le Rappel une intéressante campagne en faveur de nos amis les animaux. Parmi les traits d’intelligence et d’affectuosité signalés par M. Victor Meunier, citons celui-ci qui, à lui seul, suffirait à réhabiliter le chat aimé des poètes, mais si souvent calomnié par le vulgaire.

M. Adolphe Espagne vient de faire paraître à Antibes une brochure intitulée : Histoire touchante d’un chat métis angora. Celui-ci ne survécut pas à l’enfant qu’il avait aimé. On n’ose dire qu’il mourut de la mort de cet enfant; ce ne fut peut-être que coïncidence. Quatre années auparavant, à la mort du chef de la maison, un vieillard pour lequel il avait une grande affection, ce même animal, singulièrement impressionné, avait poussé une série de cris tristes, monotones, parfaitement articulés que jamais auparavant on ne lui avait entendu proférer et qu’on n’a plus entendu depuis. C’était un bel animal dont l’éducation avait commencé alors qu’il était à peine sevré.

Les enfants le prenaient par le cou, par l’oreille, par la queue, jusqu’à l’imprudence. Il ne griffait, ni ne mordait. Quand ces manifestations revenaient douloureuses pour lui, un miaulement particulier avertissait de ne pas aller plus loin.

Du nombre de ces enfants, et au premier rang pour la hardiesse des jeux de mains, était une charmante et robuste fillette dont, loin de lui garder rancune, le chat recherchait ces deux bonnes choses : le chaleur et son amitié. Pendant le sommeil de celle-ci, c’était ordinairement sous son berceau qu’il élisait domicile.

Il y fut plus que jamais lorsque la maladie, une fluxion de poitrine, y coucha le pauvre enfant. Il y demeurait immobile pendant des heures. On remarqua  qu’il mangea beaucoup moins. L’expression de ses yeux si brillants se voilât. Quand l’enfant eut expiré, on ne le vit pas. Il était peut-être gêné par la présence des assistants.

Au retour du cimetière, on le découvrit sous la table, les pieds de derrière sur l’appui-pieds de la brasière, la tête par terre, l’œil éteint, respirant péniblement. «Oh ! ce chat, s’écria l’aîné des enfants, à chaque mort, il est malade.» On mit à sa portée du lait et du bouillon. Le lendemain matin, on le trouva à la même place et dans la même position : il était mort.

 

Christine, une belle amie, sachant mon deuil à faire au sujet de Bouboule, m’envoie, ce matin, ces mots du grand Léonard de Vinci : « Même le plus petit félin est un chef-d’oeuvre. » Merci, chère Christine.

Le petit chat ci-haut est celui de René, un ami qui habite la campagne. Errant, il lui est arrivé l’été dernier. Et seul René peut l’approcher. Nourri et logé, la bête vit dans son atelier et se tient près de lui lorsqu’il y travaille.

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