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Chronologie des ponts de glace entre Longueuil et Montréal de 1861 à 1890

Qui travaille à l’histoire du climat québécois doit amasser le plus d’information possible venue des comportements de la nature. Dates d’éclosion, de floraison, de retour et de départ des espèces migratrices, de coulée des érables, de formation et de disparition des ponts de glace, etc. En France, l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie, dans ses recherches sur le climat, a même utilisé les avancées et les retraits de glaciers visibles sur les gravures anciennes, les dates de vendanges, et encore. On va même même jusqu’à recenser les grandes éruptions volcaniques, car, depuis le début des années 1980, nous sommes conscients qu’elles peuvent jouer un rôle important dans le climat de la Terre.

Voici que, le 28 janvier 1892, dans sa chronique «Les chemins de glace», le quotidien montréalais La Patrie propose une chronologie des ponts de glace entre Longueuil et Montréal de 1861 à 1890. On peut croire qu’un tableau semblable n’est qu’objet de curiosité. Possiblement pour les populations du temps. Mais l’information, croisée avec d’autres, peut être fort utile aujourd’hui à l’historien du climat.

Au sujet des ponts de glace, La Patrie écrit :

Les ouvriers de Longueuil ont commencé, hier, à faire le chemin sur la glace entre Longueuil et Montréal.

Voici un tableau qui indique à quelle époque de l’année les chemins sur la glace ont été ouverts à la circulation depuis 1861 :

1861… Décembre 31
1862… Janvier 9
1863… Janvier 22
1864… Janvier 7
1865… Janvier 17
1866… Janvier 8
1867… Janvier 11
1868… Décembre 19
1869… Décembre 26
1870… Janvier 13
1871… Janvier 10
1872… Décembre 26
1873 (le pont ne s’est probablement pas formé)
1874… Janvier 24
1875… Décembre 13
1876… Décembre 21
1877 (le pont ne s’est probablement pas formé)
1878… Janvier 31
1879… Janvier 26
1880… Janvier 25
1881 (le pont ne s’est probablement pas formé)
1882… Janvier 2
1883 (le pont ne s’est probablement pas formé)
1884… Janvier 3
1885… Janvier 1
1886… Janvier 18
1887 (le pont ne s’est probablement pas formé)
1888… Janvier 7
1889… Janvier 25
1890… Janvier 24

On arrive à lire beaucoup de variantes liées à ce pont de glace. Certaines années, il ne se forme tout simplement pas. Lorsqu’il prend, cette chronologie montre qu’il y a tout de même 45 jours entre le pont le plus hâtif, celui du 13 décembre 1875, et le plus tardif, celui du 26 janvier 1879.

En règle générale, le pont de glace réjouit les populations. Il permet des traversées plus rapides qu’habituellement. Et c’est souvent le moment de l’année choisi pour le transport des marchandises lourdes ou encombrantes, comme la pierre, la brique, le bois et le foin.

Quoi qu’il en soit — les journaux le mentionnent — en hiver, le pont de glace et la neige dynamisent l’économie des communautés.

 

Cette photographie du pont de glace entre Longueuil et Montréal est parue dans l’Album universel du 10 avril 1906. On la retrouve sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, au descripteur «Ponts de glace».

2 commentaires Publier un commentaire
  1. Louise #

    Bonjour,
    Vos capsules sont très intéressantes.

    J’ai une question pour vous.

    À l’époque de la Nouvelle-France, un chemin de glace reliait Longue-Pointe à Longueuil. En 1847-1848, Krieghoff a représenté le sujet mais j’ignore si ce départ correspond à celui de la NF. En somme, je cherche à savoir où les habitants de la Côte Saint-François (Longue-Pointe) traversaient et à quel endroit ils parvenaient à Longueuil.

    La Minerve parle encore en 1879 du pont de glace de Longue-Pointe davantage praticable que celui de Longueuil à Hochelaga.

    Merci!

    26 novembre 2020
  2. Jean Provencher #

    O la la ! Bonne question. Je ne vous promets pas une bonne réponse, mais je vais tenter de voir de mon côté.

    26 novembre 2020

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