Les aléas de la traversée hivernale entre Québec et Lévis
Beaucoup de Québécois croient qu’autrefois, chaque année, se formait un pont de glace sur le fleuve Saint-Laurent entre Québec et Lévis. Mais non. Au fil du temps, ce ne fut qu’une année sur trois ou quatre. Autrement, la traversée se faisait avec des canotiers qui voyageaient les populations d’une rive à l’autre dans de grosses «pirogues» de bois capables d’affronter les glaces qui dérivaient. Au 19e siècle, on commença à recourir à des navires à vapeur. Canotiers et propriétaires de navire se faisaient alors la lutte, jusqu’à ce qu’on permette aux bateaux à vapeur de prédominer.
Tout de même, on demeura longtemps dépendant des conditions naturelles pour la traversée entre les deux villes. Et les pilotes durent ruser avec les glaces. Voici un exemple tiré du quotidien Le Canadien du 5 janvier 1887.
Depuis que le droit a été définitivement reconnu à la compagnie de traverse de briser le pont de glace lorsqu’il se forme entre Québec et Lévis, les bateaux n’ont plus d’autres entraves que ceux que leur suscite la nature ou la température. On aurait pu croire qu’ils auraient toujours bon marché de ceux-là, mais le froid sibérien que nous avons depuis quelques jours nous fait un peu revenir de cette trop grande confiance.
La traversée se fait assez irrégulièrement, car les équipages des bateaux, soucieux de leurs intérêts comme aussi ceux de la compagnie qui les emploie, se permettent de faire des incursions, en haut et en bas de leur ligne, qui retardent la circulation mais les sauvent d’un pont.
Et c’est leur droit. Au reste, cette lutte contre les éléments est très intéressante.
Lundi, nous avons cru un instant que c’en était fait de la navigation pour le reste de cette saison, cette partie du pont appelée la clé étant prise, mais le bateau et la marée aidant ont ouvert le passage.
Hier matin, s’était formé un joli pont de glace unie, que les bateaux ont encore sillonné en tous ses et complètement brisé.
Le pont du Saut est définitivement arrêté.
Ci-haut, voici le genre de belle illustration qui a nourri la croyance que le pont de glace se formait chaque année entre Québec et Lévis.