Quand n’y aura-t-il plus de place pour tout le monde ?
Le journal Le Canadien (Québec) du 1er octobre 1890 fait la une avec cette question.
En combien de temps la population du globe aura-t-elle atteint les limites compatibles avec les moyens de subsistance qui existent ?
Telle est la grosse question qui a été posée dans la section de géographie et d’économie politique de la British Association et que M. Ravenstein s’est déclaré en état de résoudre. Suivant M. Ravenstein, la population totale de l’univers s’élève actuellement à 1,468 millions d’âmes. En comptant les nouveaux territoires découverts en Afrique, les régions encore mal peuplées de l’Amérique et de l’Asie, il y a place, selon lui, pour 5,994 millions d’habitants en tout : c’est-à-dire que nous avons encore de la marge pour 4,526 millions de personnes, à peu près trois fois autant encore qu’il y a actuellement d’êtres respirants.
Cela paraît très rassurant à première vue, mais c’est très inquiétant d’après M. Ravenstein, car l’accroissement de la population prend des proportions si gigantesques qu’il ne faudra pas plus de 182 ans pour que l’univers soit plein comme un œuf, c’est-à-dire que le maximum d’êtres que puisse nourrir la terre soit atteint.
En d’autres termes, les 5,994 millions d’habitants que le globe peut loger existeront dès 2027.
Il est vrai qu’un autre savant, le professeur Alfred Marchall, déclare ces chiffres absurdes et affirme qu’il est impossible de calculer actuellement soit la progression éventuelle de la population, soit les capacités nourricières du globe.