La Saint-Patrice (17 mars)
En 1900, la presse québécoise, quelque soit le lieu, souligne la Saint-Patrice, fête nationale des Irlandais. Parfois, on n’y va que d’un coup de chapeau; d’autres fois, d’un texte franchement plus long. Mais, partout, on rappelle cette fête.
Le 17 mars 1892, par exemple, le Journal de Waterloo écrit : « C’est aujourd’hui la St-Patrice, fête patronale de nos compatriotes irlandais. Puisse le grand apôtre qui a converti l’Irlande veiller sur cette île aussi belle que malheureuse, et lui obtenir enfin la paix et le bonheur que mérite la foi de ses nobles enfants. Erin go bragh ! »
Le 17 mars 1897, le correspondant dans la capitale québécoise du journal montréalais La Patrie décrit rapidement la fête à Québec. « Ce matin à l’église St-Patrice, il y a eu une messe solennelle. L’orchestre, sous la direction de M. Jos Vézina, a fait entendre les plus beaux airs irlandais. Ce fut un magnifique spectacle quand on entonna, à la fin de la messe, le «God save Ireland !» Cet après-midi, matinée au Tara Hall, et, ce soir, soirée dramatique à l’Académie de musique. M. Fraser, M. P., et M. Reynolds prononceront des discours. »
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Mais fête de la Saint-Patrice ou non, des citoyens du Mile End, à Montréal, se réunissent pour un combat de coqs, le 17 mars 1897. La Patrie du lendemain titre « Encore une bataille de coqs. Cette fois à St-Louis du Mile End. 47 coqs superbes saisis. »
Les batailles de coqs deviennent de plus en plus fréquentes à Montréal. Encore hier, les inspecteurs Kobold et Garragher ont fait une razzia importante à St-Louis du Mile End. Les deux officiers étaient en devoir d’inspection dans la rue St-Laurent quand on leur apprit que plusieurs personnes étaient réunies dans une maison portant le No 1579 dans le but d’assister à l’un de ces brutals spectacles.
Rendus sur les lieux, les policiers pénétrèrent dans l’hôtel de M. Hippolyte Charette, et, ayant demandé à être admis au spectacle, on les conduisit dans une bâtisse située à l’arrière.
La bataille était commencée depuis quelque temps déjà et cinq superbes coqs étendus morts sur le parquet témoignaient de l’ardeur de la lutte. L’enthousiasme était arrivé à son comble, et les vingt personnes présentes suivaient avec un intérêt croissant les péripéties du combat, quand, brusquement, les officiers firent leur apparition et se mirent en devoir d’arrêter les personnes présentes.
En un instant, la salle fut évacuée, pas assez vite, cependant, car cinq prisonniers restèrent entre les mains de MM. Kobold et Garragher.
49 coqs aux allures superbes furent saisis. On trouva plusieurs paires d’éperons acérés qui devaient servir à animer le combat.
Ce matin, trois prisonniers ont été traduits devant le magistrat. Ce sont Hippolyte Charrette, hôtelier et propriétaire de la salle où le combat a eu lieu; David Barsalou et Eugène Morache. Tous trois se sont déclarés coupables; les deux premiers ont été condamnés à $10 d’amende et les frais, et le troisième, comme simple spectateur n’a eu qu’une condamnation de $5.
Les deux autres prisonniers comparaitront demain.
Les coqs saisis ont été livrés au chef de police du Mile End, comme le veut la loi.
La période de décembre à mars est celle de la haute saison des combats de coqs au Québec en 1900.