Une fille juge les garçons, un garçon juge les filles
Que peut bien dire une fille des garçons, voilà 115 ans ? Et un garçon, alors, des filles ? L’Écho des Bois-Francs du 6 novembre 1897 propose à ce sujet le texte de la dernière livraison d’une revue anglaise, dont il ne précise pas le nom.
Voici comment s’exprime la jeune fille :
Les garçons sont des hommes qui ne sont pas encore aussi grands que leurs papas, et les filles sont des femmes qui plus tard deviendront des dames.
L’homme a été créé avant la femme. Lorsque Dieu eut regardé Adam, il se dit à lui-même : Eh bien, je crois que je peux faire mieux que cela si je recommence. Et il créa Eve.
Les garçons sont une source d’ennuis. Ils usent tout — excepté le savon.
Si ma volonté pouvait faire loi, tout le monde consisterait en petites filles, et le reste en poupées. Mon papa est si gentil que je crois qu’il doit avoir été une petite fille lorsqu’il était garçon.
L’homme fut créé et le septième jour il se repose. La femme fut créée ensuite, et elle ne s’est jamais reposée depuis.
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Les filles jugées par un petit garçon.
Les filles sont très glorieuses et savent prendre des airs trop élevés dans leurs manières et leur conduite.
Elles pensent beaucoup plus à la toilette qu’à autre chose, et aiment à jouer avec les poupées et les petits chats et à couper des haillons.
Elles crient quand elles voient une vache au loin et ont beaucoup peur des fusils et des pistolets. Elles ne restent à la maison tout le temps et vont à l’église le dimanche.
Elles sont toujours en train de faire des farces aux petits garçons et aiment à se moquer d’eux quand ils ont les mains sales.
Elles ne savent pas jouer aux caniques et ça me fait de la peine pour elles.
Elles aiment à faire de la misère aux petits garçons, puis après elles veulent les caresser et les embrasser.
Elles savent faire beaucoup de bruit, mais je ne crois pas qu’elles sont capables de tuer un chat ni un crapaud; les araignées, les souris et les rats leur font une grande peur et c’est amusant de voir comme elles retroussent leur robe pour courir quand elles voient une de ces bêtes.
Elles trouvent toujours moyen de connaître leurs leçons à l’école, où c’est toujours elles qui mettent le désordre.
Je n’aime pas les petites filles ni les grandes et je crois que le bon dieu a eu trop tort de les inventer.