Le jour de la vaccination
Voilà, c’est fait. Je tenais à aller au pavillon Desjardins de l’université Laval, car, en 2009, au moment de la vaccination contre la grippe H1N1, tout était simple, fort bien organisé et rapide.
Cette fois-ci, tout le plancher principal de ce pavillon est divisé en un immense labyrinthe. À l’entrée, il est absolument impossible de tout voir en un seul coup.
« Allez, suivez les flèches sur le plancher », dit le premier dirigeant du trafic. Après un long passage, la première dame, sympathique, derrière sa table, y va de ces mots : « Enlevez votre masque, mettez-le dans votre poche, je vous en donne un autre. » Et elle ajoute : « Ça va être 50 $. » Elle pouffe de rire et rajoute « Non, non, c’est une blague. »
Je continue mon parcours avec ce masque bleu pâle qu’on voit partout. J’aimais bien le mien, le drapeau du Québec, donc différent du masque fédéral de Justin, le Justin que nous connaissons Mais, allons-y donc avec ce masque banal.
Je poursuis mon parcours. Un guide me dit « Numéro 4. » Il y a six dames où chacune vérifie si vous êtes bien inscrit pour cette vaccination aujourd’hui même à 10 heures 15. Je prête ma carte d’assurance-maladie à la dame numéro 4. Je m’étais inscrit par courriel voilà trois semaines. Catastrophe ! Le Jean Provencher inscrit n’est pas le Jean Provencher qui est là. Il faut savoir qu’il en pleut des Jean Provencher au Québec, que c’est un nom absolument banal.
La dame est démontée, ne sait que faire. Finalement, elle demande à une dame debout derrière les six femmes comment elle doit s’en sortir. La dame, pas folle, lui dit que le faux Jean Provencher ne se présentera pas puisqu’il ne s’est pas inscrit pour le 8 avril, à 10 heures 15. « Alors, faites un dossier sans fautes à monsieur. » Ouf ! Je me voyais, refaisant le parcours à l’envers cette fois-ci et m’en allant, dépité, nourrir mon chat à la campagne.
Allez, on continue. Un autre homme au début d’une nouvelle ligne du labyrinthe, dit « Numéro 2. » Là, se trouve une jeune infirmière bien gentille qui me sert le questionnaire que Métro nous a servi rue Cartier, dans le quartier Montcalm pendant des semaines et des semaines, même si cela faisait 40 ans que j’y allais. Patient, je réponds que je ne reviens pas de voyage, je n’ai pas de personne proche officiellement contaminée, que je ne suis pas souffrant, etc., etc.
Allez, poursuivez votre chemin. Au coin, nous sommes invités à nouveau à nous passer les mains sous l’eau anti-virus. Il faut comprendre — et c’est normal — qu’on fait tout pour empêcher le virus d’entrer dans cet établissement. Là, ça serait un véritable désastre.
J’attends, je suis le prochain à aller voir une des 25 ou 30 infirmières qui vaccinent. « Numéro 6 » me dit l’homme. Bingo ! Il s’agit de l’infirmière Hélène, d’un certain âge, qui travaille là comme une diablesse. Elle a fini en soirée, la veille, et a repris sa place à 5 heures 30, hier matin. Elle me dit : « Je n’ai même pas le temps de prendre les nouvelles. » Je lui réponds « Hein ! Bravo ! Merci beaucoup d’être là. » Elle fait cela, dit-elle, car elle adore les voyages, qu’elle espère la fin de ce virus pour repartir en voyage. Pourquoi pas.
Elle me remet un petit billet signé par elle, attestant que j’ai été vacciné à 10 heures 30, le 8 avril 2021, que le nom du vaccin est « Covid-19 Pfizer-BioNtech », que la dose administrée est « 0.3ml I.M. » Je n’ai même pas eu connaissance de l’administration du vaccin. Trop bavards, je pense, étions-nous. Je lui confie même que je m’en vais par la suite nourrir mon chat ensauvagé. Je dois lui expliquer qui il est. Elle me demande son nom. Je lui réponds qu’il a de nombreux noms. « Par exemple ? », demande-t-elle. « Toutou des bois. » « Dites bonjour à Toutou des bois pour moi. » Et nous nous sommes laissés ainsi.
On demande de brocher ce petit billet qu’elle m’a donné dans mon carnet de vaccination.
Par la suite, dans l’espace-attente, on nous invite à attendre 15 minutes avant de prendre la poudre d’escampette. Certaines-certains doivent demeurer 30 minutes, mais je ne sais pourquoi.
Date et heure de la deuxième dose : 29 juillet 2021, 7 heures 30.
Et c’est ainsi que la chatte se peigne.
En passant, toute photographie est défendue au pavillon Desjardins lors de cet événement, même avec les téléphones cellulaires.
La gravure ci-haut est parue dans Le Monde illustré du 17 octobre 1885. On la trouve à l’adresse suivante : http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/illustrations/accueil.htm, au descripteur «Vaccins».