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Le philosophe, écrivain et essayiste Alain Finkielkraut y va d’une réflexion sur l’écologie et son vocabulaire que nous avons créé

Selon lui, il faut prendre garde de ne pas échapper les bonheurs de vivre à travers les discours qu’on nous tient, « à l’heure ou l’écologie s’invite dans l’agenda politique de la gauche, de la droite et du en même temps ». Extraits.

Les chiffres ne sont pas tout, il y a aussi l’inquantifiable : le visage des choses, les apparences avant leur traduction mathématique, la réalité telle qu’elle s’offre au regard. Convertie à l’écologie, la science sera d’un grand secours, mais pour que la Terre demeure habitable, il ne faut pas lui concéder le monopole du vrai. […]

L’écologie officielle ne connaît plus la nature, ni le nom de ses habitants mais seulement la « biodiversité » ou les « écosystèmes », ce qui veut dire que le souci de l’être s’exprime désormais dans la langue de l’oubli de l’être. On délaisse l’amour des paysages pour les problèmes de l’environnement. Et on n’a pas de temps à perdre avec la beauté du monde quand la planète est en péril.

« L’Être est ce qui exige de nous création pour que nous en ayons l’expérience », écrivait Merleau-Ponty. On pourrait dire dans son sillage : la nature a besoin de poètes pour que nous y soyons sensibles. Mais, tragédie invisible, ceux que Francis Ponge appelle les « ambassadeurs du monde muet » ont disparu. Adieu Virgile, Ronsard, Wordsworth, Hölderlin, Ponge ou Bonnefoy ! Les poètes ne sont plus là pour nous ouvrir les yeux et façonner notre âme. Et c’est Greta Thunberg [adolescente suédoise qui mène campagne à sa manière] qui occupe la place laissée vacante. […]

 

Le sujet vous intéresse, voir Alain Finkielkaut, Plaidoyer pour une écologie poétique, Paris, Le Figaro, 29 août 2019, p. 19.

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