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« Mon rêve familier »

Souvent dans la presse québécoise d’autrefois, il y a plus de cent ans, surtout dans l’édition du samedi, on trouve un poème.

Voici celui-ci de Paul Verlaine.

 

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

D’une femme inconnue, et que j’aime et qui m’aime,

Et qui n’est chaque fois ni tout à fait la même

Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend.

 

Car elle me comprend, et mon cœur transparent

Pour elle seule hélas ! cesse d’être un problème,

Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,

Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

 

Est-elle brune, blonde ou rousse ? — Je l’ignore.

Son nom ? Je me souviens qu’il est doux et sonore

Comme ceux des aimées que la Vie exile.

 

Son regard est pareil au regard des statues,

Et pour sa voix lointaine, et calme, et grave, elle a

L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

 

Paul Verlaine.

 

La Patrie (Montréal), 8 février 1896.

La photographie est de Conrad Poirier. On la trouve sur le site de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec, cote : P,48,S1,P5038.

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