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Parfois, on s’ennuie de grands moments vécus

J’espère que vous avez connu, écouté de 1960 à 1973 Le Cabaret du soir qui penche, The night falling cabaret, une véritable dégustation radiophonique.

Tous les dimanches soirs, sur les ondes de Radio-Canada, pour les folles et les fous d’une radio comme il ne s’en fera guère par la suite, Guy Mauffette (1915-2005), de sa voix calme et feutrée, animait ce mélange de mots finement échappés, de poèmes, de musiques magnifiques et quoi encore. Nous nous retrouvions bercés.

Vous trouverez ici l’intégralité d’une pleine heure de cette émission. Nous l’écoutons et on ne peut éviter de penser : c’est de là que je viens.

Celui qui se disait alors L’oiseau de nuit a aussi publié sept ouvrages. Voici des extraits de son septième.

 

Mon cœur, chaud de mille sangs nobles et généreux,

fier de mille combats sans victoire reconnue ;

pauvre d’une richesse jamais distribuée ;

riche d’une pauvreté qui ne l’aide plus à vivre,

bat pourtant obstinément.

 

À travers les siècles,

j’ai toujours été en butte

aux hommes de mon temps…

à la longue… ça me fatigue !

 

Si je pouvais seulement

me souvenir de moi-même…

 

Dans quel tiroir a-t-on rangé mes habits de petit dieu ? Sous quels ciseaux sont donc tombées mes boucles d’enfants sage ? Par où me suis-je donc passé que je ne me retrouve plus ?

 

Mes cris, j’en suis certain

précipitent encore le cœur

de ma mère.

 

Chasser la fantaisie du monde

c’est aller à l’encontre des desseins de Dieu

 

Solitude

Elle se chante, elle s’épouse

Noire solitude

Compagne aux trop blancs baisers

Présence de toutes les absences

 

Amour et amitié

L’un est source éternelle

l’autre, eau de la source

 

Et, loin de mon âme véritable,

en quel combat me suis-je allé jeter !

 

Après l’absence, il fait bon retrouver le foyer,

l’âtre, la femme et la flamme du nid,

avec ses cris dedans, ses lueurs de bien-être,

de quiétude, de joies sous cape :

la spirale des objets en attente…

remonter l’horloge, donner un coup d’ailes au pendule,

retrouver le temps de la maison,

sa couleur, ses fumets — son train de vie.

 

Guy Mauffette, Comme au Cabaret du soir qui penche, Montréal Éditions Stanké, 1996.

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