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La Buse pattue (Buteo lagopus, Rough-Legged Hawk)

Samedi, elle planait calmement et silencieusement à l’arrière. au-dessus d’un champ de foin fraîchement récolté.

Voici un oiseau du Nord, de forte taille, habitué à l’Arctique canadien et à celui de l’Europe jusqu’à la limite orientale de la Sibérie.

Au Québec, elle niche au printemps dans les territoires où les arbres ne poussent plus, depuis le Labrador jusqu’à la baie d’Hudson.

Elle fut longtemps l’objet de débat entre les spécialistes des oiseaux. La querelle portait sur la couleur de sa robe ; 40% de la population de l’Est est de couleur sombre, quasi noire, « d’un noir de suie uniforme » écrit Charles-Eusèbe Dionne, alors que l’autre groupe a le ventre clair. Pour certains, il s’agissait de deux espèces différentes. Mais ce débat a cessé.

Elle se nourrit surtout de souris, de mulots, et même de sauterelles. Au 19e siècle, John James Audubon, qui l’appelle Faucon à jambes emplumées, dit qu’aux États-Unis « cet oiseau est tiré en toute occasion, simplement parce que par sa présence il effraie les Mallards et autres canards, qui viendraient sans cela se poser sur les étangs et le long des côtes, où les chasseurs sont embusqués. En Angleterre, on le prend dans des pièges aussi bien qu’on le tire, mais sans raison, parce que c’est un Faucon ».

Dans la beauté de son plumage, ses jambes couvertes de plumes et son allure générale le font ressembler aux hiboux. Il vole lentement, demeure longtemps sur le rameau d’un arbre, guettant les souris, les grenouilles, etc… On le voit souvent effleurer de l’aile les parties marécageuses du sol et chassant sa proie par la lumière adoucie du jour, qui donne souvent à minuit, sous les parallèles des hautes latitudes.

L’ornithologue ontarien Percy A. Taverner (8175-1947) aime bien la « Buse pattue d’Amérique ». Bien que ce soit notre plus grand épervier, c’est l’oiseau le moins malfaisant. Sur 47 estomacs examinés, 40 contenaient des souris ; 5 , d’autres mammifères ; 1, un lézard ; 1, était vide. Un pareil résultat suffit pour condamner la destruction générale des éperviers. Les pieds de la buse pattue sont faibles et incapables de retenir une grosse proie ; c’est donc un épervier chasseur des souris par excellence. Il se nourrit également des sauterelles et l’on sait qu’il a largement contribué à supprimer les fléaux occasionnés par ces insectes destructeurs.

Deux fois seulement l’avais-je aperçue, chez moi, auparavant, le 4 mai 1996 et le 21 avril 2003. Sans doute était-ce un oiseau en migration vers le Nord.

Il y a quelques mentions de la Buse pattue dans les ouvrages américains sur les oiseaux, mais ce n’est pas un oiseau des États-Unis, c’est une bête du Nord.

 

Charles-Eusèbe Dionne, dans Les Oiseaux de la Province de Québec (Québec, Dussault & Proulx, 1906), p. 204.

J.-J. Audubon, Les Oiseaux d’Amérique, II, Paris, Éditions Payot, 1945, p. 202.

P. A. Taverner, Les Oiseaux de l’est du Canada, Ottawa, Imprimeur du roi, 1920, p. 137

L’illustration est d’Ernest E. Thompson, de Toronto. Elle apparaît dans l’ouvrage de Montague Chamberlain, A Popular Handbook of the Ornithology of the United States and Canada Based on Nuttall’s Manual, Boston, Little, Brown and Company, 1891, p. 41.

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