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Qu’était donc le Tarin des pins (Carduelis pinus, Pine Siskin) dans les temps anciens ?

Bien que les ornithologues ne montrent guère d’intérêt particulier pour lui, le Tarin des pins me fascine. Je suis à la recherche du moment où il a acquis cette confiance incroyable en la vie et comment peut-il approcher l’être humain sans crainte.

Voyons ce que dit de cet oiseau un des tout premiers grands ornithologues d’Amérique du Nord, Thomas Nuttall (1786-1859). Né en Angleterre, il arrive aux États-Unis en 1808 et, de 1825 à 1834, occupe les postes de maître de conférences en histoire naturelle et de responsable du Jardin botanique de l’université Harvard. En 1832, il publie le premier de ses deux volumes de Manual of the Ornithology of the United States and of Canada, celui consacré aux oiseaux des champs [the land birds].

Nuttall a-t-il connu le même oiseau que nous ? Voici ce qu’il nous confie au sujet du Tarin des pins.

Nous en connaissons franchement moins à son sujet que pour le Chardonneret jaune [Carduelis tristis, American Goldfinch], écrit-il.

Mon ami M. Oakes, de Ipswich, Massachusetts l’a vu en grand nombre dans son coin de pays en hiver. Son parcours est décousu (desultory) et imprévisible. Il aime particulièrement les graines de pruche.

Il n’est pas du tout craintif et on peut l’approcher de très près sans qu’il prenne la poudre d’escampette, se promenant dans les branches aux alentours, y allant d’un chant un peu semblable à celui du Chardonneret jaune.

En mars, il s’envole vers le nord. Mon ami Audubon les a vus en famille, avec leurs petits, au Labrador au mois de juillet. Ils fréquentent les fourrés près de l’eau et sont tout à fait sans peur et gentils.

Leur costume est le même que celui en hiver, à l’exception du jaune plus apparent sur leurs ailes.

Manifestement, Nuttall n’en sait guère plus sur le Tarin des pins que nous aujourd’hui.

En 1891, plusieurs années après que l’ouvrage de Nuttall soit devenu introuvable, son collègue de Harvard, Montague Chamberlain, republie le livre en entier, en y rajoutant quelques commentaires, quand le moment s’y prête, sous le titre A Popular Handbook of the Ornithology of the United States and Canada Based on Nuttall’s Manual.

Chamberlain est honnête. Il affirme que le Tarin des pins n’est guère plus connu que du temps de Nuttall et notre ignorance vient du fait de ses habitudes de nomade, d’errant, et parce qu’il fréquente la forêt profonde où il est rare que nous allons.

Il passe en grand groupe à la périphérie d’où nous vivons, mais cela fait simplement partie de son programme de migration. La nidification a lieu en mai, mais parfois beaucoup plus tôt.

A, Leith Adams, un naturaliste anglais, l’a observé à ce sujet au Nouveau-Brunswick. Il écrit dans Field and Forest Rambles » : il s’accouple tôt et ses jeunes sont prêts à partir vers le Nord avant même l’arrivée en avril de la première migration estivale, et on le voit manger des bourgeons d’aubépine avant son départ.

Il ajoute qu’on peut facilement le garder en cage et qu’il s’apprivoise facilement. Il en a confiné quelques-uns pendant plusieurs mois et, après les avoir relâchés, il s’absentèrent durant plusieurs jours, puis revinrent à leurs cages.

On trouvera un chapitre fort intéressant sur cet oiseau dans le livre de H. D.  [Henry Davis] Minot, « The Land Birds and Game Birds of New England », un ouvrage qui, à mon avis, n’a pas connu la reconnaissance qu’il mérite.

Nous avons repéré ce livre de Minot sur internet. Au sujet du Tarin des pins, celui-ci affirme qu’il est fou de graines de bouleau, qu’il aime se tenir avec des Chardonnerets jaunes et des Sizerins flammés. Et il ajoute que, dans son gazouillis, se trouve une petite note intéressante qui ressemble au mot « wee ».

On le constate, avant même des observations ornithologiques, si anciennes soient-elles, à travers ce discours décousu, le Tarin des pins se comportait comme aujourd’hui et on arrive mal à savoir d’où lui vient cette confiance si grande en la vie et toujours l’absence de crainte devant l’humain.

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