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Voici le discours d’un sage au sujet des phénomènes célestes

Nous sommes il y a 2100 ans. Il s’agit de Sénèque, tout à fait contemporain de Jésus-Christ, philosophe de l’école stoïcienne, dramaturge et homme d’État romain. Il donne son avis sur les comètes qui excitent la curiosité et sème même l’inquiétude.

Le voilà à ce sujet.

Si l’un de ces feux rares et insolites de forme apparaît dans le ciel, chacun veut savoir ce que c’est, oublie les autres corps célestes, ne s’intéresse qu’à l’intrus, ignore s’il doit admirer ou craindre. Il ne manque pas, en effet, de gens qui jettent l’alarme et affirment la signification redoutable du phénomène. Aussi vous presse-t-on de questions ; on veut savoir si c’est un prodige ou un astre. […]

Le temps viendra où une étude attentive et poursuivie pendant des siècles fera le jour sur ces phénomènes de la nature. À supposer qu’elle se donnât tout entière à la connaissance du ciel, une seule vie ne suffirait pas à de si vastes recherches, et nous partageons inégalement entre l’étude et le vice le petit nombre d’années que nous avons ! Aussi faudra-t-il, pour résoudre tous ces problèmes, de longues successions de travailleurs. Le temps viendra où nos descendants s’étonneront que nous ayons ignoré des choses si manifestes… L’homme viendra un jour qui expliquera dans quelles régions courent les comètes, pourquoi elles s’écartent autant des autres astres, quelles sont leur grandeur et leur nature. Soyons satisfaits de ce que l’on a déjà découvert et permettons à nos descendants d’apporter aussi leur contribution à la connaissance de la vérité.

 

Cité par R. Taton, Causalités et accidents de la découverte scientifique, Illustrations de quelques étapes caractéristiques de l’évolution des sciences, Paris, Masson et Cie éditeurs, 1955, p. 142.

L’illustration est la représentation fantaisiste de quelques apparitions de comètes de l’an 1000 à 1180, d’après le Theatrum cometicum de Stanislai de Lubienitz, 3 tomes, Amstalodami, 1168 : t, II, pl. 77. Elle proviendrait de la Bibliothèque nationale de France.

On la retrouve dans l’ouvrage de R. Taton cité plus haut, planche XXV. Taton écrit : « On remarquera plus spécialement les salamandres de feu (comète de l’an 1000), le serpent de feu (comète de 1180), qui dans l’imagination populaire accompagnent le passage des comètes. Celles-ci sont représentées sur d’autres dessins de façon assez schématique. Les dessins de constellations qui apparaissent sur certaines figurations ajoutent à l’étrangeté de ces images, bien faites pour exciter les terreurs populaires. »

 

Pour une contribution à l’histoire du ciel.

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