Posséder un cirque, ça rapporte
Le passage du cirque Barnum à Québec fut un succès.
Voici un bilan provenant du quotidien Le Canadien.
Son Excellence le gouverneur général et la marquise de Lansdowne, accompagnées de quelques personnes de leur entourage, ont assisté lundi après-midi à la représentation du cirque Barnum.
Le cirque est reparti à minuit aussi silencieusement qu’il était arrivé, pour Trois-Rivières où il jouait hier. Aujourd’hui, il sera à Montréal. Singulière vie que celle des gens qui font partie de cette vaste organisation.
La grande tente du cirque Barnum contient environ 16,000 spectateurs. À peu près 25,000 personnes ont assisté aux représentations. Les entrées, à 50 cts et $1, ont donc produit environ $18,000. Il y a en outre le produit des concerts donnés à l’issue de chaque représentation ; puis il faut ajouter à cela les nombreux revenus que donnent les baraques de curiosités et la vente d’une foule d’articles au nombre desquels les fameux sugar stick, ice cream and lemonade.
On peut donc porter à environ $25,000 les recettes totales du cirque dans la journée de lundi.
D’un autre côté, il paraît que les dépenses sont de $7,000 par jour. La part probable des profits est donc assez facile à faire.
Ces renseignements sont puisés à bonne source.
La présence du cirque à Québec n’a été signalée cette année par aucun acte de filouterie ou de désordre. La service d’ordre a été admirablement fait par les agents de la sûreté et la police municipale.
Le Canadien (Québec), 31 août 1887.
En 1887, j’imagine que le cirque Barnum se déplaçait en train? Selon Wikipedia, il semble que c’était le cas : « In 1872 the P.T. Barnum Circus had grown so large that it was decided that they would only play at large venues, and that they would travel by train. » Ça devait être impressionnant à voir passer!
Source : https://en.wikipedia.org/wiki/Circus_train
Absolument. Des spécialistes sur l’histoire des cirques en Amérique du Nord disent qu’il y eut même une alliance entre les cirques et les compagnies ferroviaires. Et, deux semaines avant la venue du cirque, un employé du cirque prenait le train pour s’arrêter dans chaque ville où l’événement se produirait et passait entente avec la presse du coin (achat de publicité, moyennant encouragement du journal auprès de son public lecteur à venir voir le cirque lors de sa venue prochaine). C’était fort bien structuré.
Impressionnant à voir passer en effet. Mais les journaux disent encore plus impressionnant de voir les trains se vider de ces animaux rares quand ils étaient entrés en gare.
C’est sans doute une belle histoire vue de l’extérieur que celle des cirques. Mais l’homme fort québécois Louis Cyr, qui a travaillé quelques années dans des cirques américains, a trouvé cela très dur.