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Rêvez-vous d’un recueil poétique émouvant, plein de tendresse ?

Mettez la main sur celui-ci, de Francis Jammes (1868-1938). Vous verrez, ce ne sont pas les bruits d’aujourd’hui. On verse plutôt dans la paix.

 

Vieille maison…

Neige endolorissante et morne, tu déroules

Ta nappe liliale au toit cher que je sais,

Neige endolorissante, ô neige qui t’écroules !

 

Et la maison vieillotte aux carreaux verts cassés

A des airs de jeunesse et de pâle frileuse

Et ne se souvient plus des contes jacassés :

 

Des contes jacassés, au soir, par la fileuse,

En la cuisine antique, où le pot noir chantait

Au rauque dévidoir sa chanson douce et creuse.

 

La chandelle en résine en un coin crépitait.

Près de la plaque en fer, les cris-cris aux cris grêles

S’enfuyaient dans la suie et le matou grondait.

 

Maintenant, dans le vieux salon, les gerbes frêles,

Les avoines ornant les vases surannés,

Ne se souviennent plus des champs fauchés des grêles :

 

Et des plumes de paon, des bimbelots fanés,

Sont là qu’un bisaïeul rapporta de la Chine

D’où, jadis, bien des gens revinrent ruinés.

 

Comme alors un  gros chat plie en arc son échine

Et cligne en grommelant de longs yeux mordorés

— Et miaule, et l’on voit une expression fine

 

Et les blancs, solennels regards des hauts portraits.

 

Francis Jammes, De l’Angelus à l’aube à l’Angelus du soir, Paris Gallimard nrf, 1971, p. 72s.

Merci, cher Jean, de ce cadeau.

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