Skip to content

Décès d’un jeune écrivain québécois pour lequel on avait beaucoup d’espoir

Nous avons évoqué ici son nom à quelques reprises. Il était déjà beaucoup aimé. Et voilà que son décès fait la une de La Patrie, quotidien montréalais, et qu’il n’est que dans la vingtaine.

Nous regrettons vivement d’apprendre la mort de M. Ch. M. [Charles-Marie] Ducharme, une des plumes les plus fines de la presse canadienne-française.

Ce jeune littérateur, qui n’était âgé que de 26 ans, souffrait depuis quelque temps d’une maladie de poitrine et avait le pressentiment qu’il succomberait à l’époque de la chute des feuilles.

Obligé depuis quelques semaines de garder sa chambre, au No 215 de la rue St-Denis, et à cesser ses chers travaux littéraires, il s’est éteint doucement dans la soirée de vendredi.

Au sortir des bancs du collège Ste-Marie, M. Ducharme avait embrassé une carrière qui passe dans tous les pays pour conduire aux antipodes de la littérature. Il était entré dans un bureau de notaire et c’est en libellant des actes en l’affreux charabia légal que l’on sait, qu’il s’était préparé è la critique littéraire où en un bond il était devenu maître.

Associé d’abord avec M. N. Pérodeau, secrétaire de la Chambre des Notaires de notre province, il ne resta pas longtemps d’ailleurs, dans cette étude, la maladie à laquelle il vient de succomber l’ayant obligé à se retirer de cette association, il y a un an environ.

Il avait publié déjà, un an auparavant, son volume de Ris et croquis où son jeune talent brille déjà de l’éclat le plus frais ; car on ne pouvait appliquer à Ducharme ce vers lancé déjà à Gustave Planche, le célèbre critique de la Revue des Deux Mondes :

La critique est aisée, et l’art est difficile.

En effet, Ducharme n’était pas un de ces neutres qui se contentent d’admirer les beautés des autres ou d’y trouver des défauts. Il créait, lui aussi, et le seul volume que nous lui devions était bien propre à nous faire espérer que ses œuvres enrichiraient notre collection de littérature canadienne.

Quant à ses articles de critique littéraire, ils ont paru dans le National, le Monde illustré, l’Étendard et la Revue Canadienne, dont il était le secrétaire.

En 1888, ce jeune littérateur était président de l’Union catholique à laquelle il sut donner une vive impulsion.

 

La Patrie (Montréal), 10 novembre 1890

La photographie de Ducharme, né à Trois-Rivières en 1864, paraît dans Le Monde illustré (M0ntréal) du 22 novembre 1890.

No comments yet

Publier un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Vous pouvez utiliser des balises HTML de base dans votre commentaire.

S'abonner aux commentaires via RSS