À Québec, la pêche à l’éperlan plairait davantage aux enfants
Du moins, voilà ce que laisse entendre un quotidien de l’endroit.
La saison, si impatiemment attendue de l’ouverture de la pêche de l’éperlan, est arrivée. Pour qui passe occasionnellement, ou par nécessité, sur les quais du Palais et de la Basse ville, il y a un assez curieux tableau à contempler.
Contrairement à ce qui se voit en France surtout, ici ce sont généralement des gamins qui se livrent aux émotions de la pêche. Il est vrai que la saison et le poisson ne donnant pas absolument, et que par conséquent les enfants, plus indifférents que les hommes, aux morsures du froid, sont plus portés que qui que ce soit à se permettre cette charmante récréation. Charmante cependant à condition d’être doué de beaucoup de patience.
La pêche ne fait que commencer et le poisson est encore rare. Mais, dans une quinzaine de jours, il faudra voir, le dimanche surtout, comme on s’en donnera. C’est alors qu’il sera intéressant d’aller contempler le spectacle dont nous parlons plus haut.
Mais il y a un autre genre de pêche qui est attendu avec plus d’impatience que ne l’était celle de l’éperlan. C’est la pêche de la petite morue. Cela se fait presqu’exclusivement par les hommes, et pour cause. On s’y livre sans misère aucune, assis sur un banc dans une cahute non exempte, il est vrai, des vents coulis [sic], mais le dos au poêle.
Et puis, attrait tout particulier, si la pêche a été fructueuse, il y a ensuite la friture faite sur place, plus ou moins proprement, mais que l’on mange toujours de bon appétit.
Que les fidèles de la pêche de la petite morue prennent patience pendant quelques semaines encore, et ils vont être servis à souhait.
La Patrie (Montréal), 25 octobre 1884. Article reproduit du journal L’Événement, de Québec