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Le téléphone à Montréal en 1884

Au téléphone

 

Allons donc voir la centrale téléphonique où convergent les 1 250 « connexions » des 50 abonnés.

Ce matin, un reporter de la Patrie est allé visiter les bureaux de la compagnie du téléphone Bell, au troisième étage de l’édifice de la Banque d’Épargne, rue St-Jacques.

C’est vers cet endroit que rayonnent tous les fils téléphoniques de Montréal, les connexions étant aujourd’hui au nombre de 1,250.

Le service du bureau central se fait par 32 jeunes filles qui ont à répondre à 50 souscripteurs. Le téléphone étant continuellement en activité, la nuit ces jeunes filles sont remplacées par six jeunes gens. En entrant dans la chambre des téléphones, on entend un bourdonnement continuel de voix argentines et fraîches, on se croirait dans la salle de récréation d’un couvent de jeunes filles. Ce sont les opératrices qui répondent aux abonnés et qui font les appels qu’on leur demande. Chaque opératrice est assise en face d’un cadre d’environ quatre pieds carrés où aboutissent une section de tous les fils des abonnés.

Lorsqu’un de ces derniers fait appel, un petit disque en cuivre placé en bas du cadre tombe avec un bruit sec et montre le numéro du souscripteur. L’opératrice, qui a le récepteur près de son oreille, entend la voix qui l’interpelle et elle met immédiatement les deux fils en contact.

Cette opération est des plus simples et des plus rapides, ne durant tout au plus que trente secondes.

L’opératrice n’a qu’à poser une cheville métallique dans une rainure du cadre placé en face d’elle et le courant électrique s’établit de suite entre les deux fils. La compagnie de téléphone Bell, qui a commencé ses opérations en cette ville en 1881, étend aujourd’hui toutes ses communications jusqu’à Terrebonne, une distance de 22 milles, à Lachine, St-Laurent, L’Abord à Plouffe, à Hochelaga, au Sault au Récollet, à la résidence de Mgr Bourget, et à Hochelaga jusqu’au couvent catholique. […]

En réponse à une question posée par le reporter sur la cause ordinaire de l’interruption téléphonique, le gérant de la compagnie a dit que cette cause résidait le plus souvent dans l’atmosphère qui était chargée de courants électriques, ces courants ayant assez de force pour neutraliser l’action des fils. Il survenait très rarement des dérangements dans le fonctionnement des appareils pour la transmission et la réception des sons.

Interpellé au sujet des incommodités causées au public par le nombre de poteaux érigés dans les rues, le gérant a répondu que le public devait souffrir cet inconvénient jusqu’à ce que les ingénieurs-électriciens aient découvert un système pratique pour poser sous terre les fils téléphoniques.

 

La Patrie (Montréal), 13 octobre 1884.

Ceci est le 8000e billet sur ce site interactif.

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