Holà, que le moineau a mauvaise presse en Amérique !
À la une du quotidien montréalais La Patrie, on peut lire :
L’Union ornithologiste, en conférence à New-York, a reçu le rapport du comité qu’elle avait chargé de faire une investigation sur les qualités et les défauts du moineau.
Le rapport, présenté par le docteur [J. B.] Holder et basé sur les informations reçues d’une quantité d’agriculteurs des États-Unis et du Canada, est décidément hostile au moineau.
Cet oiseau est atteint et convaincu d’avoir la volonté et le pouvoir « de détruire diverses variétés de grains et de fruits, et quand le nombre en est grand, c’est une menace sérieuse pour l’économie de l’agriculture et de l’horticulture ».
La nature énormément prolifique du moineau est cause que beaucoup d’oiseaux insectivores indigènes ont été chassés des parcs publics. Cet étranger est insolent et agressif, et son importation a produit de profondes perturbations dans le régime des oiseaux du pays.
On peut prévoir le jour où il causera d’immenses dommages dans les vastes champs de l’Ouest, et à ce point de vue la question a une importance nationale.
Le rapport recommande de communiquer le résultat des investigations du comité à tous les corps législatifs des États-Unis et des provinces britanniques, de requérir les législatures de fixer immédiatement une pénalité aussi sévère que possible pour la vente ou l’introduction de moineaux, de prendre des mesures pour réduire leur nombre là où il est devenu une nuisance, de cesser de leur accorder des facilités pour leur nourriture et leur reproduction, enfin de ne pas les favoriser plus que les oiseaux indigènes.
L’Union a approuvé le rapport et l’a renvoyé au comité pour le faire imprimer.
La Patrie (Montréal), 8 octobre 1884.
La photographie du Moineau domestique prise par Georges Olioso apparaît dans l’ouvrage de Georges et Mireille Olioso, Les Moineaux, Paris, Delachaux et Nieslé, 2017, p. 14. Vous cherchiez le grand livre sur le moineau, le voici.
Saviez-vous que depuis 2003, dans la capitale française, les trois quarts des Moineaux domestiques, un oiseau aimé des Parisiens, ont disparu ? Et, même en Amérique, il n’est plus le « monstre » qu’on a décrit. Personnellement, je fais campagne dans mon quartier pour le moineau, qui vit avec nous et parmi nous.
Et c’est bien nous qui l’avions introduit d’Europe au 19e siècle, il n’avait pas demandé. À Brooklyn, aux États-Unis, en 1850. À Québec, le 10 juin 1868, dans le Jardin des Gouverneurs, le lâcher de ces 25 couples d’Irlande, par William Rhodes prétextant que ce sont des insectivores fort utiles pour l’agriculture, de même en Ontario vers 1870.
Merci beaucoup, Christiane, pour cette référence sur les moineaux parisiens.