« N’allez pas quand vient le soir…. »
Deux jeunes gens s’aiment d’amour tendre et se courtisent depuis trois mois. Ce sont Arthur Luther, journalier, demeurant sur la rue Stanley, et Mathilde Wooding, dont les parents demeurent rue Barclay.
Or, hier soir, les deux amoureux sont allés faire une promenade près de la montagne et, en revenant par l’avenue Delorimier, se sont assis au pied d’un arbre. La nature endormie, la lune à demi voilée, qui était leur unique témoin, tout enfin portait aux épanchements.
Malheureusement, la police, qui prend un soin tout particulier de ces endroits, leur apparut, comme la tête de Méduse, sous la forme du constable Lemieux, qui les obligea à comparaître samedi matin devant le magistrat sous une accusation de vagabondage.
Le père de la jeune fille déposa que les deux jeunes gens étaient sur le point de se marier et, après avoir été avertis de ne plus y retourner, les deux accusés sont libérés.
Comme justifications, le constable dit que les environs sont remplis de couples qui ne se gênent pas d’y commettre des actions répréhensibles et qu’il a, ainsi que ses confères qui patrouillent les environs, reçut l’ordre formel de ne pas permettre aux amoureux de s’attarder sous les bocages. Comme dit la chanson :
« N’allez pas quand vient le soir, etc. »
Le journaliste auteur de la nouvelle fait ici allusion à la chansonnette populaire « Pauvres amoureux ! »
Le premier couplet se lit ainsi :
N’allez pas quand vient le soir,
N’allez pas quand il fait noir,
Confiants dans la nuit sombre,
Sous les myrtes vous asseoir ;
Dans les bois mystérieux,
N’allez pas rêver à deux ;
Rien n’est traître comme l’ombre
Pour les pauvres amoureux !
N’allez pas, n’allez pas, etc.
Vo0us trouverez cette chanson et un grand nombre d’autres dans Nouvelle Lyre canadienne, Recueil de chansons canadienne et françaises, Montréal, C. O. Beauchemin, 1896.