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Enfin un lieu d’accueil à Montréal pour les enfants abandonnés

Il faut répéter qu’un jour, nous devrons nous attaquer à une grande histoire de l’enfant au Québec. Non pas gloser théoriquement, mais connaître enfin l’histoire de l’enfant au quotidien.

Voici une nouvelle qui semble importante et fait la une du quotidien montréalais La Patrie. L’institution durera telle ou fera-t-elle plutôt long feu ?

Montréal aura sa pouponnière.

Une société vient de se former qui sera une branche de l’Assistance Publique et qui s’est donné pour but de recueillir les enfants délaissés. Une délégation composée du D. Ls Laberge, de MM. J. G. Labrecque, G. Boivin, Jos. Fortier et du Dr Huguenin, s’est présentée hier devant la commission des Parcs et a demandé à ce que la permission lui soit donnée d’occuper une maison au No 850 avenue Mont-Royal, où la ville envoyait jadis ses enfants malades de maladies contagieuses, afin d’en faire une sorte de dépôt temporaire pour le placement des enfants délaissés.

Le Dr Ls Laberge a expliqué le but de l’œuvre qui est de prendre soin non seulement des enfants illégitimes, mais aussi des enfants légitimes qui sont abandonnés par leurs parents.

Actuellement, il n’y a pas de loi d’adoption au pays et il est impossible de placer un enfant, sans la volonté des parents. Mais la nouvelle société se propose de faire amender la loi, afin d’obtenir droit de tutelle.

Il s’agit de donner à ce mouvement philanthropique une impulsion énergique, et c’est pourquoi la société veut d’abord avoir un local temporaire, où élire domicile et bureaux, en attendant que l’Assistance Publique ait pourvu à lui donner un domicile permanent.

Le Dr Laberge a dit que les statistiques de la ville indiquent qu’il y a huit cents enfants illégitimes par année à Montréal, que ces enfants sont exposés aux maladies d’abord, au vice ensuite, et qu’il n’est que rationnel de prendre soin de ces petites existences.

Il y a aussi un grand nombre de famille qui n’ont pas d’enfants, et qui seraient heureuses d’en adopter.

Quant à la bâtisse que l’on devait avoir, M. Laberge dit que ce serait du vandalisme que de la détruire. Elle est parfaitement habitable, et il l’habiterait lui-même volontiers.

L’échevin Robillard explique que la charte leur défend d’utiliser les parcs pour d’autres fins que pour des parcs publics, et que du reste il a été résolu de démolir la propriété en question.

L’échevin Houle croit qu’il n’est pas opportun de démolir cette propriété, et l’échevin Guay dit que le meilleur moyen de ne pas la démolir, c’est de l’occuper. L’échevin Labrecque favorise l’idée de conserver la maison de pierre elle-même, mais de démolir les dépendances qui sont en ruines. L’échevin Laviolette est sympathique à la demande de la société, mais il dit que la commission devra se déjuger, puisqu’il avait déjà été décidé qu’il était dans l’intérêt public de démolir cette propriété.

Il est donc résolu de renvoyer cette requête à la commission des finances, avec recommandation de la commission des parcs.

 

La Patrie (Montréal), 18 mai 1906.

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