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Quelle question !

Les oiseaux sont-ils des musiciens de naissance ?

En d’autres termes, le rossignol est-il un ténor dont l’unique ambition est d’améliorer chaque jour son talent et qui admire la musique comme le suprême épanouissement du génie humain, ou bien cet oiseau si vanté des poètes ne chanterait-il que pour obéir à une loi de la création, de même que le chien aboie, l’âne brait et le lion rugit ?

L’enquête que la «Neue Free Press» a ouverte sur cet intéressant problème a donné des résultats contraires aux idées consacrées par la tradition. Les oiseaux n’auraient pas le sens de la musique.

La mélodie la plus parfaite, la plus admirable voix de femme, dit l’écrivain viennois, n’exciteront pas un canari à chanter; pour le décider à faire entendre sa voix, il lui faut le bruit d’une porte qui grince ou d’un moulin à café qui tourne.

À note avis, le canari aurait dû être écarté de l’enquête. Trois siècles de captivité ont complètement étouffé les instincts de ce prisonnier héréditaire. De vert qu’il était, il est devenu jaune; le régime de la cage prolongé pendant une série de générations ne lui a pas seulement fait perdre son ancienne valeur, mais a fait de lui une sorte d’oiseau artificiel. La grive nous paraît plus digne de confiance.

Elle est, dit le collaborateur de la «Neue Free Press», d’une habileté rare dans l’art d’imiter les autres oiseaux. Ses mélodies s’inspirent des emprunts qu’elle fait autour d’elle; mais il serait difficile de dire si elle préfère le chant du rossignol à celui du moineau.

Les expériences faites par un marchand d’oiseaux sembleraient prouver que la grive à l’état de captivité aurait pour le chant du moineau une prédilection marquée. Pour procurer quelques distractions à la prisonnière et peut-être aussi pour augmenter sa valeur, on lui avait fait apprendre le chant du canari, mais elle l’abandonna bien vite pour imiter le chant d’un moineau enfermé dans la cage voisine.

On lui fit apprendre ensuite des morceaux de musique que l’on jouait du matin au soir devant elle sur un orgue de Barbarie. Jamais il n’a semblé qu’elle préférât les chefs-d’œuvre des grands maîtres aux morceaux des compositions les plus médiocres et les plus vulgaires.

On ne doit à notre avis accepter qu’avec une extrême réserve les résultats d’une pareille enquête. Il est rare que deux critiques d’art musical soient d’accord dans leurs appréciations sur un nouvel opéra, et il est excessif de vouloir que les oiseaux aient en matière de musique des sentiments et des goûts qui puissent être comparés avec ceux des hommes.

 

La Patrie (Montréal), 14 décembre 1907.

Vous aurez compris que, le plus souvent, je ne cherche pas à commenter dans un sens ou dans l’autre les extraits de la presse d’il y a plus de 100 ans. Je préfère généralement que vous vous fassiez une tête.

Ici, par exemple, j’aurais le goût de vous dire que les canaris que j’ai eus se mettaient à chanter à l’écoute de l’eau qui coule (d’un robinet, par exemple) bien davantage qu’à une porte qui grince ou un moulin à café qui tourne.

Par ailleurs, il n’est pas rare que certains oiseaux québécois dans la nature en imitent d’autres. Le moqueur s’y plaît, par exemple, le Durbec des sapins, et même l’Étourneau sansonnet.

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