Nouvel affolement dans une église québécoise
Dépouillant la presse d’autrefois, on se rend compte que, dans les églises, au moment du silence des cérémonies religieuses, il est fréquent qu’un bruit soudain crée la panique.
Ici, nous sommes à l’église Saint-Jacques à Montréal.
La panique, cette terreur soudaine et sans raison qui s’empare des gens, a failli produire une effroyable catastrophe hier soir à l’église St-Jacques.
Actuellement, des pères franciscains sont à prêcher une retraite aux jeunes filles et aux dames de la paroisse St-Jacques.
Hier soir, l’église en était remplie.
Il était huit heures et demi et le révérend père Raymond, franciscain, venait de terminer un sermon sur la moralité et l’on commençait les chants de la bénédiction du Très Saint-Sacrement, lorsque tout à coup un craquement sourd se fit entendre, et une pièce de bois vint tomber avec fracas sur le plancher en arrière de l’orgue que l’on est à réparer actuellement.
C’en fut assez pour que la panique s’emparât de toutes les dames et jeunes filles qui encombraient les jubés de la grande nef. La terreur devint générale se communiquant de groupes en groupes avec une rapidité incontrôlable.
En un instant, toute la foule des fidèles fut sur pied. Partout, on entendait des cris de frayeur et ce fut une course, puis une poussée vers les portes de sortie, pendant qu’un grand nombre de dames et de jeunes filles , sautant pardessus la balustre, voulurent s’enfuir par le chœur.
Plusieurs des prêtres qui s’y trouvaient s’interposèrent t supplièrent les fidèles de demeurer calmes, qu’il n’y avait aucun danger à redouter, et de rester dans les bancs.
Cette intervention opportune eut l’effet d’apaiser la panique, qui aurait pu prendre des proportions encore plus considérables et se terminer sur des pertes de vie surtout aux portes de sorties où la pression commençait à devenir insupportable pour un grand nombre. Plusieurs jeunes filles perdirent momentanément connaissance et d’autres eurent des crises de nerfs inquiétantes.
Il fallut au moins cinq minutes pour rétablir l’ordre chez tous les fidèles apeurés, qui étaient encore dans l’église. Au moins un millier de ceux qui avaient pu en sortir dans le premier moment de la panique ne revinrent pas.
Une jeune fille, après la cérémonie de la bénédiction, fut descendue du jubé par deux prêtres et les gardiens de l’église, et transportée au presbytère. Elle était sans connaissance depuis un quart d’heure et ne recouvra ses sens qu’une demi-heure plus tard. Elle fut renvoyée chez elle dans une voiture de place.
Lorsque la panique fut apaisée, l’officient demanda d’entonner le Magnificat comme cantique d’action de grâce de ce qu’il n’y avait pas eu de pertes de vie.
L’on peut s’imaginer que dames et jeunes filles qui étaient à l’église St-Jacques hier soir sont toutes revenues à la maison dans un état d’énervement facile à comprendre.
La photographie de l’église Saint-Jacques en 1930 est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec dans le Vieux-Montréal, Collection Félix Barrière, Épreuves noir et blanc, cote : P748,S1,P1461.