Une éclipse de soleil fait parler
Comme nous l’avons annoncé, le soleil s’est éclipsé, jeudi dernier.
Ce fut tout un événement chez les astronomes et le commun des mortels s’est lui-même très ému de la disparition de «l’astre du jour».
Des milliers de savants ont pu constater que le soleil, le «beau soleil qui fait mûrir les citrouilles», suivant l’expression d’un critique bien connu, s’est voilé la face, ou plutôt s’est caché derrière la lune.
Le phénomène a duré depuis midi jusqu’après trois heures. Ce n’est qu’en Amérique qu’on a vu l’éclipse, car partout ailleurs il faisait nuit, ou la lune ne se projetait pas sur le disque du globe solaire.
À Toronto, les nuages ont empêché les observateurs d’avoir une bonne vue des changements dans le soleil.
Quand une éclipse se produit en Chine, tous les habitants du Céleste Empire se précipitent dans les rues en frappant sur les tams-tams, pour éloigner les maléfices.
Les nègres ont également une peur bleue des éclipses et croient que la disparition momentanée du soleil présage tous les malheurs imaginables.
Nous, Canadiens, nous n’avons pas de ce genre de craintes-là. Toutefois nous ne sommes pas les seuls qui ayons eu l’occasion d’assister au spectacle astronomique. Le phénomène a été perçu par les habitants des îles Melville, dans l’océan Arctique, par les citoyens de la Colombie et de l’Alaska, à l’ouest.
L’éclipse étant arrivée à son suprême degré, nous avons pu constater à Montréal que, divisant le soleil en 1000 parties, 600 étaient éclipsées complètement. En d’autres endroits, 908 parties ont été voilées.
La Gazette de Joliette, 27 octobre 1892.