«Un mot pour les amateurs de la chasse aux canards.»
Depuis deux semaines, par cette température superbe et délicieuse dont nous jouissons, les échos du grand fleuve sont sans cesse ébranlés par les détonations des armes à feu.
C’est une fusillade en règle à partir des Îles St-Ours jusqu’aux Îles Bouchard.
C’est vraiment féérique, sinon pour tous ces fiers Nemrods, du moins pour les habitants des rives voisines.
L’Étoile du Nord (Joliette), 26 octobre 1893.
Le magnifique appelant, non signé, coiffant cet article, vaillant, ayant manifestement traversé tous les temps, se veut un Canard branchu, ou Canard huppé (Aix sponsa, Wood Duck) et provient justement de la région du lac Saint-Pierre.
Charles-Eusèbe Dionne, dans Les Oiseaux de la Province de Québec (Québec, Dussault & Proulx, 1906), écrit à son sujet : Ce joli Canard est, sans contredit, le plus beau et le plus élégant de tous ceux qui nous visitent durant l’été. Une particularité de mœurs qui le distingue de la plupart des autres Canards, c’est qu’il a l’habitude de percher sur les arbres, ce qui lui a valu le nom vulgaire de Canard branchu qu’il porte.
En 1900, cet oiseau, que beaucoup de naturalistes et de chasseurs considèrent comme le plus beau canard d’Amérique du Nord, est à peu près disparu, tant on lui a fait la chasse. Il faudra la mise en place de mesures très restrictives de 1918 à 1941, y compris l’interdiction totale de la chasse, pour le voir réapparaître.