La vie des petits oiseaux migrateurs est étonnante

Habiter un lieu longtemps, bien ancré quelque part, on voit les petits migrateurs aller et venir. Par poignées, en grands groupes ou seuls. Ces derniers, les seuls, on se dit qu’ils ne craignent pas la solitude.

Venus du nord, ils ont pris la route, se glissent dans une population d’oiseaux d’une autre espèce en train de se nourrir, et avec bonheur s’ils ne sont pas victimes d’ostracisme.

Et ils peuvent repartir, toujours seuls, après une escale. Ou, qui sait, peut-être accueillir soudain des leurs, aussi en migration, au moment de l’escale.

C’est étrange, la vie de petits migrateurs.

Mon colibri, seul depuis quelques jours, qui a quitté parce qu’incapable d’accéder aux abreuvoirs le 13 septembre, a-t-il retrouvé des siens le long de son voyage vers le Mexique ou fila-t-il jusque là-bas en solitaire ?

Et maintenant ce Junco ardoisé, absolument seul, se fondant avec les Chardonnerets jaunes, fait-il escale attendant les siens avant de continuer vers le sud ? Ne s’arrête-t-il plutôt qu’un moment, sans aucune attente, le temps de manger, avant de poursuivre, toujours seul, son chemin ?

C’est étonnant, la vie de petits migrateurs.

Et toujours ces seuls, on les dirait sans souci, et tout à fait confiants. Et ça rassure d’apprendre que certains petits oiseaux ont ce type de vie, avec bonheur pour eux.

P. S. Je ne sais si vous voyez. Beaucoup d’ornithologues prennent la route pour aller, parfois bien loin, observer des oiseaux. Dans mon cas, je ne vis pas l’amour des oiseaux de la même manière, je passe ma vie sans me déplacer à observer beaucoup ceux qui vont et viennent. Je tente de prendre le pouls. Et observer les répétitions ou les modulations. Je le dis souvent à ceux qui sont «coureurs d’oiseaux» : pour moi, le bien humble Moineau domestique a la même importance que le grand géocoucou.