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La perspective de l’automne émeut

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Quand donc nous dira-t-on quel automne on nous «vendait» dans les écrits québécois des temps passés ? Peut-être sommes-nous les héritiers, qui sait, d’un discours négatif au sujet de cette saison de l’année, de mots que nous reprenons sans même nous demander d’où ils viennent ?

Sauf pour les pluies froides de novembre qui me plaisent moins, j’aime beaucoup l’automne, le retour dans les maisons, la lecture sous la lampe… ou la douillette.

Voici un de ces discours des temps passés. Il est du journal Le Canadien, quotidien de Québec, édition du 24 septembre 1884.

Depuis lundi, nous sommes en automne, mais il y a déjà une quinzaine que nous en avons la température. Aussi faut-il voir comme le coriza fait des victimes. On ne voit partout que des gens hâtant le pas pour lutter contre le frisson qui les saisit, et des éternuements formidables se font entendre de tous côtés.

La terrasse [Dufferin] devient de jour en jour plus déserte, et le soir on n’y voit plus que quelques rêveurs qui persistent à s’y promener afin de rafraîchir leur cerveau brûlant. Les paletots se portent comme en octobre, et les dames ont même sorti leurs pèlerines.

Dans quelques jours, il faudra se caserner chez soi et fermer hermétiquement portes et fenêtres. Puis commencera le règne du poêle, qu’il faudra bourrer du matin au soir et même du soir au matin pour se garer contre le froid.

C’est là, pour la moitié de la population, l’époque critique de l’année, et bienheureux sont ceux pour qui cette époque n’a rien de plus rigoureux que la belle saison.

Ce qu’il y a de plus triste dans cette saison de l’automne, c’est de voir la nature procéder lentement, et comme méthodiquement, au dépouillement de sa toilette de fleurs et de verdure. Il est vrai qu’elle revêt ensuite la robe éclatante de blancheur de l’innocence; mais dans quel sombre appareil elle se trouve pendant son déshabillé !

Enfin, il faut bien se résoudre à franchir encore une fois cette période de l’hiver, et vivre dans l’espérance qu’après cela le printemps puis l’été reviendront plus brillants que jamais.

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