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«Je dirai son nom — mais elle demeure, au plus secret, l’Innominée»

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Retrouvons Jacques Poulain. De France celui-ci, et non notre Jacques Poulin. Le 1er mars dernier, nous avions fait la connaissance de cet auteur disparu à 46 ans. Je vous avais promis de revenir à son ouvrage «Volontiers je la décrirais».

Si vous avez déjà vécu l’amour, ces extraits débutés en mars se poursuivent ici. La démarche de cet écrivain me plaît bien. Toujours quelques mots seulement. Des moments ou autrement. Des murmures même. Il l’a beaucoup aimée.

 

Son regard, son premier regard, comme une paraphe dix mille fois jeté sur les feuilles vierges de ma vie.

Je ne crois pas à la profondeur, à la pureté ni à la passion de qui n’a pas été saisi, au moins une fois, d’une formidable envie de rire en faisant l’amour.

Je suis déjà donné à ce qu’elle offre.

Comme je l’ai regardée souvent dormir !

Je crois qu’ils ne savent peu de choses de l’amour, ces amants qui n’ont jamais songé — ne serait-ce qu’une seule fois — à se suicider de concert.

Son visage, un visage vrai, une trappe de lumière où faillir.

 

Les souvenirs qui s’amoncellent

Les secrets qu’un serment scelle

Ces aveux que la nuit cèle.

 

On veut nous faire croire que l’amour-passion ne peut durer que par un compromis. C’est-à-dire un marchandage de pauvres. On oublie les pactes des rois.

Ce qui nous attire dans un femme ce n’est pas d’abord sa beauté — mais qu’elle soit plus proche que nous de la beauté.

Le Milieu, l’Axe, c’est l’intelligence de l’amour.

À sa peau, à ses plis sinueux, même terre, même sable, mêmes intrigues de la durée.

 

La preuve du soleil

C’est l’ombre de toi

que je suis.

 

Je la voulais libre, active, consciente, exigeante. C’est-à-dire propre à tout ruiner comme à tout construire.

Chuchotement de femme, doux comme un bruit de sandales sur le sable.

Peut-être que dans l’étreinte, cette femme n’aime rien d’autre qu’être une femme, n’importe laquelle, sans prénom, sans nom et sans histoire.

Ce dont le mieux toujours je me souviendrai, c’est telle lueur de lâcher-tout à tel moment dans son regard.

 

Nous reviendrons, c‘est certain, à ces carnets par petits traits.

Référence : Jacques Poulain, Volontiers je la décrirais, Éditions Sulliver, Arles, en Provence, 1998.

L’illustration — Psyché ranimée par le baiser de l’Amour — est un marbre du sculpteur italien Antonio Canova (1757-1822). Ce jour-là, dit-on, Éros [l’Amour] est devenu éperdument amoureux de la belle Psyché dès qu’il la vit. On retrouve cette œuvre au Musée du Louvre, à Paris.

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