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Voilà maintenant la peste blanche (second de deux billets)

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Au début du 20e siècle au Québec, on commence à parler d’une maladie bien ancienne dans l’histoire de l’humanité, la «peste blanche», mais dont l’appellation est nouvelle, la tuberculose. Nous proposions hier la première partie d’un dossier sur le sujet du quotidien montréalais La Patrie, édition du 4 juillet 1908. Voici la suite.

Le souci de la santé exige que nous donnions à nos poumons la quantité d’air qu’ils réclament et ils en réclament beaucoup. Nous faisons en moyenne 18 à 20 respirations par minute, soit 1200 par heure ou 28,800 par vingt-quatre heures et, à chaque respiration, nous introduisons dans nos bronches environ une chopine d’air. Une simple multiplication montre que tous les jours il passe par nos poumons 28,800 chopines d’air, à peu près un gallon à la minute.

Mais la quantité n’est pas suffisante, il faut aussi la qualité. Or, comment veut-on que cet air soit bon, et qu’il, ne soit pas vicié par l’acide carbonique quand nous passons la majeure partie de notre existence entre quatre murs au bureau ou à l’atelier.

De quelle façon un air confiné et vicié agit-il sur notre organisme ? […] Ce qui empoisonne surtout, ce sont les émanations toxiques qui se dégagent des poumons et qui ne peuvent s’échapper pour être neutralisées par l’air purifié.

Et quand ainsi l’atmosphère est empoisonnée des émanations des poumons, nous sommes pris de ce que les hommes de science appellent le «dégoût respiratoire». Et, quand on est ainsi pris du dégoût respiratoire, au lieu de respirer de 18 à 20 fois par minute, on ne respire plus que 12 à 15 fois. C’est donc une asphyxie lente, dont l’effet sera d’affaiblir l’organisme et de livrer l’individu sans défenses à ses ennemis les microbes, puis à la tuberculose.

Il faut donc que l’air des pièces où nous vivons soit renouvelé et le meilleur, le plus sûr, et en même temps le plus simple moyen d’aération est d’ouvrir les fenêtres et établir les courants d’air. Mais si on ne peut vivre les fenêtres ouvertes, il faut au moins se procurer des ventilateurs qui remplissent les fonctions de régénérateurs de l’air, pourrions-nous dire.

Mais il faut pourtant persister le plus possible à vivre les fenêtres ouvertes. Celui qui écrit ces lignes a fait une expérience personnelle très profitable. Ainsi, il avait l’habitude par exemple de dormir les fenêtres fermées, c’est-à-dire qu’il restait huit heures consécutives dans la même pièce, sans en renouveler l’air.

Le matin au réveil, en jetant un regard à la glace, celui-ci lui renvoyait un visage pâle et défait, le teint plombé. Aujourd’hui, il ne vit que dans des pièces bien ventilées, il couche ses fenêtres ouvertes et combien mieux il se trouve le matin.

Il ne peut en être autrement : à ce traitement, grâce à l’air vivifiant et toujours frais, les poumons se fortifient, prennent de la vigueur et finissent par terrasser les bacilles qui les creusent.

 

L’article du journal La Patrie vient d’une bien bonne intention, mais il faudra de nombreuses années de lutte contre la tuberculose, entre autres la prise d’antibiotiques mises au point à la fin des années 1930 et l’ouverture de sanatoriums dans diverses régions du Québec, pour que la tuberculose cesse de faire parler d’elle.

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