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Comment on parlait du chat durant les années 1880 (premier billet de deux)

ninio unLa Gazette de Joliette fait sa une avec cette «Causerie familière. Le chat» de F. Draeunig.

Vos regards sont tournés vers la fenêtre : Minet se chauffe au soleil et fait entendre son ron ron paisible. Examinons-le ensemble.

Il a la tête large et le museau arrondi; il porte de fortes moustaches et d’épais favoris. Son corps est ramassé pour l’instant; mais tout à l’heure, quand notre chat aura terminé sa sieste, c’est-à-dire le sommeil qu’il s’accorde après le repas de midi, vous verrez combien il s’allongera. Ne l’avons-nous pas vu hier passer là par ce trou étroit où mon poing aurait peine à entrer ?

Le voilà qui se lève lentement et qui s’étire comme pour nous faire plaisir. Voyez comme ses jambes sont courtes; elles sont fortes cependant, surtout celles de devant, avec lesquelles il saisit les souris et se défend quand il est attaqué. Sa queue longue et mobile ne lui sied pas mal du tout.

Les formes du chat sont très arrondies, ses mouvements souples et gracieux. Y a-t-il rien de plus charmant à voir que de petits chats qui s’amusent entre eux ? Tout leur est prétexte à jeu; leur gaucherie est ravissante, leur étonne. Voilà que Minet se promène : sa marche est silencieuse comme il convient à un chasseur de souris; cela tient à ce que ses pattes sont garnies en dessous de bourrelets épais, élastiques, qui amortissent le bruit.

Le chat a un air doux et bon; à voir ses pattes de velours, on le croirait le plus inoffensif des êtres.

Ne vous y fiez pas, ses pattes de velours cachent des armes terribles. Au moment voulu, des griffes tranchantes sortent de leurs gaines, c’est-à-dire de leur espèce d’étui, s’enfoncent dans les chairs de la victime et la déchirent.

Puis, quand le mangeur de chair, quand le carnassier a assouvi ses instincts sanguinaires, ses ongles se relèvent et disparaissent de nouveau entre les doigts; ils sont rétractiles, c’est-à-dire ils ont la faculté de se raccourcir à volonté. Cette disposition ingénieuse fait que les ongles du chat ne frottent pas contre le sol et ne s’émoussent point.

Le chat a d’autres armes encore. Examinez sa denture quand il baille. Il a six incisives, à l’aide desquelles il coupe ce qui lui tombe sous la dent; deux énormes canines retiennent et déchirent la chair; de puissantes molaires la broient. Toutes ces dents glissent les unes sur les autres et fonctionnent comme des ciseaux tranchants. Elles sont de plus logées dans des mâchoires courtes, mais extraordinairement solides et puissantes, qui ne lâchent pas prise facilement.

 

La Gazette de Joliette, 21 juin 1888.

La suite : demain.

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