«Politesse entre fumeurs»
Fumer demande un savoir-vivre.
Quand un homme se dispose à fumer, qu’il se trouve dans un cercle uniquement masculin, il offrira d’abord son étui à tous les fumeurs présents, puis une allumette enflammée à tous ceux qui auront accepté son offre. Il devient de plus au courant aujourd’hui de «causer affaires», de discuter des questions d’intérêt avec l’accompagnement d’une cigarette.
Celle-ci est alors offerte par la personne la plus âgée ou par celle qui occupe la situation le plus importante, par celle que l’on vient de solliciter. C’est un geste de cordialité qui invite l’interlocuteur à parler avec confiance, à se mettre en quelque sorte plus à l’aise.
Il est presque superflu de dire qu’un homme n’allume jamais une cigarette devant des femmes sans leur demander permission.
Dans une salle à manger d’hôtel, par exemple, s’il n’y a pas de fumoir, il sollicitera cette autorisation avec la politesse la plus discrète ou la plus respectueuse possible, il pourra également charger le garçon de service de s’informer auprès des dames présentes si la fumée ne les incommode pas.
Enfin, lorsqu’on reçoit chez soi à dîner ou à déjeuner, le maître de maison doit offrir à fumer à ses invités qu’il emmène pour cela dans le fumoir ou qu’il garde dans la salle à manger pendant que les dames passent au salon. On choisira avec soin ce que l’on donne à fumer. Il est préférable de présenter des cigarettes excellentes plutôt que de mauvais cigares.
Le Canadien (Montréal), 22 mai 1909.
À lire cet article, on constate que les femmes ne fument pas en 1909.