Le printemps des brebis et des agneaux
Il est étonnant de retrouver à la une d’un quotidien montréalais un pareil texte.
Au moment de la mise à bas des brebis, la surveillance doit être incessante, la nuit comme le jour; on doit séparer immédiatement du gros troupeau la brebis et l’agneau qui vient de naître.
On leur fait à chacun une même marque qui doit les faire reconnaître plus tard, dans le cas assez fréquent où dans le nombre il y aurait des brebis qui refuseraient d’allaiter leurs petits.
En général, on se contente de faire ces signes avec de la craie, d’autres mieux avisés donnent un numéro qui est le même pour la mère et l’agneau : par ce moyen il est toujours facile de reconnaître celle dont le petit a péri, afin d’utiliser son lait, soit en le trayant, soit en le donnant en supplément aux agneaux faibles dont les mères ne sont pas de bonnes laitières, soit encore en les donnant pour nourrices aux jumeaux ou à ceux dont la mère aurait péri.
Cette substitution s’opère sans difficulté lorsqu’on peut recouvrir le nourrisson de la peau fraîche de celui qu’il doit remplacer.
Afin d’éviter la confusion qui serait inévitable le premier jour de la naissance, on forme des groupes de huit à dix agneaux qu’on laisse avec leurs mères; à mesure qu’ils deviennent plus forts et qu’ils reconnaissent plus facilement celle-ci, on réunit plusieurs groupes ensemble; ainsi de suite, jusqu’à ce que leur état permette de ne fournir qu’un seul troupeau.
La Patrie (Montréal), 17 avril 1882.