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Que les Montréalaises sont jolies !

Laura Côté

Laura Côté

Dans la métropole, le correspondant de l’hebdomadaire Le Canada français, de Saint-Jean-sur-Richelieu, trouve les dames de Montréal follement belles. Et il fait la première page avec ce texte.

Dissipé, enfin, le brouillard quasi-londonien qui nous enveloppait depuis bientôt six jours. Ce n’est pas malheureux, car je commençais à me sentir tout bête, comme envahi par le spleen et je n’aurais fait que broyer du noir, dans cette lettre. De partout suintait avec l’humide buée le plus mortel ennui.

Oui, mais avec le premier rayon de soleil, je sens renaître ma gaieté et, si je ne chante pas encore, au moins l’ennui se dissipe et se fond dans un dernier bâillement. La pluie, ça, c’est bon pour la campagne; je sais que les cultivateurs l’appellent, la regardent souvent comme un bienfait, mais pour nous les citadins, c’est toujours une calamité.

 Les jours de pluie ou de brouillard, voyez-vous, les jolies Montréalaises restent casanées [sic] chez elles et nos boulevards sont déserts. Alors, vous n’avez plus le plaisir, au sortir du bureau, de croiser vos jolies connaissances, de voir les frais minois des belles dont l’aspect seul vous rafraîchit, vous embaume et vous décrasse du relent infect des grimoires.

De ce temps-ci, surtout, sous les yeux du soleil du printemps, qu’elles sont fraîches et affriolantes nos gentilles Montréalaises, dans leurs nouvelles toilettes de printemps, aux couleurs chatoyantes et portant pour la plupart, au corsage, des bouquets de roses fraîches écloses… Pour un rien, j’en croquerais !

À cette époque de renouveau, — n’est-ce qu’une simple illusion d’optique, ou peut-être un phénomène purement physiologique — mais il me semble que les laiderons ne forment plus que de très rares exceptions. Toutes ont l’œil plus vif, le teint plus chaud, plus animé, le sourire plus enivrant, la taille plus cambrée, le pas plus leste, et vrai, il faut nous tenir à quatre pour ne pas leur courir après comme de simples toutous en laisse…

 

Le Canada français, 27 avril 1894.

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