Voici bientôt le temps des sucres
Avant de «courir les érables» pour les entailler, pourquoi ne pas prendre conseil d’Octave Cuisset, suggère La Gazette de Joliette du 23 mars 1880.
Ne faites jamais usage de gouttières qui ont goût de sûr ou qui sont exposées à le prendre.
N’employez jamais une personne inexpérimentée pour opérer l’entaillage de vos arbres; les intérêts l’exigent.
Si vous voulez obtenir la plus grande quantité d’eau possible, il faut percer à environ un pouce de profondeur, non compris l’écorce, et mettre deux gouttières par arbre de taille ordinaire, et quatre pour les arbres très forts, dont deux de chaque côté n’employant dans les deux cas que deux chaudières ou seaux.
Ne posez jamais vos chaudières sur le sol ou sur la neige, mais pendez-les à la gouttière, de manière que le vent ne puisse disperser l’eau qui coule. Ne faites jamais usage de clous.
Échaudez toujours vos chaudrons ou seaux avant de vous en servir.
Si vous employez des seaux en bois, peignez-les en dedans et en dehors; cette précaution les empêchera de s’imprégner de sève, ce qui amènerait une acidité contraire au sucre. D’ailleurs cette peinture ne peut occasionner aucun dommage.
Il est avantageux de couvrir les seaux pour éviter qu’il y tombe de la pluie, de la neige, des insectes, des feuilles, etc., toutes choses qui augmentent les difficultés du travail et sont nuisibles à la couleur et au bon goût du sucre.
L’eau doit être évaporée aussitôt que possible, car elle est exposée à s’altérer dès qu’elle se trouve en contact avec l’air.
La disposition la plus convenable pour l’évaporation est une chaudière à fond plat, divisée transversalement par des cloisons qui servent à contrarier la circulation des jus. Ces cloisons faisent [sic] alternativement un passage pour le courant de l’eau qui arrive du côté opposé à l’état de sirop concentré.
Il est de rigueur d’avoir du bois sec et une bonne bâtisse.
Pour collecter avantageusement le jus, on se sert d’un tonneau fixé sur un traîneau approprié. Les chemins sont tenus en bon ordre dans le bois pendant l’hiver afin de faciliter le travail au printemps.
L’illustration d’une cabane à sucre à Saint-Eustache est de l’aquarelliste montréalaise Bobby (Barbara) Atkinson.