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Les petits métiers de la rue à Montréal (second de trois billets)

Petits metiers de la rue a montrealHier, nous évoquions la vie de camelot à Montréal au début du 20e siècle. Voici d’autres ambulants.

Comme toutes les grandes villes, Montréal a donc ses petits commerçants, ses petits industriels de la rue, humbles travailleurs plus avides d’indépendance que de bien-être ou, souvent, braves ouvriers réduits par quelque infirmité à abandonner le métier appris dans leur jeunesse.

En général, leurs recettes sont plutôt minces, mais il en est cependant — comme Pat Murphy et Jules — qui ne changeraient pas leur situation pour celle d’un commis ou d’un ouvrier ordinaire.

Innombrables, et parfois extraordinaires, sont les variétés d’industries de la rue à Paris, à Londres, à New-York, etc.

À Montréal, on peut les compter facilement.

À part les vendeurs de journaux et les marchands ambulants de bonbons, de «tire», de «peanuts» et de crème à la glace, à part le célèbre «Cheap John» dont tout le monde connaît le bagout, nous n’avons guère que les joueurs d’orgue de barbarie, car ne peuvent entrer dans la catégorie dont nous nous occupons ni le marchand de blé-d’Inde bouilli, ni le marchand de fruits, ni les restaurateurs ambulants; ce sont là des commerçants que leurs chevaux et leurs voitures mettent au-dessus du commun.

Les joueurs d’orgue de Barbarie sont presque tous des sujets du roi Victor-Emmanuel [d’Italie]. Ces gens-là monopolisent la caisse à musique, comme leurs concurrents allemands les instruments de cuivre. Mais ils sont devenus «rara avis» [oiseau rare] — et il ne faut pas trop s’en plaindre — depuis qu’une taxe annuelle de $50 leur est imposée.

Disparue la «Belle Italienne» dont on admirait les joues roses, le nez grec et la plantureuse nature; disparu l’homme aux vastes épaules et à la longue barbe qui trimbalait à travers la ville, à l’aide d’une courroie de cuir, son petit orgue aux airs pleurards, toujours les mêmes depuis quinze ans.

Mais nous avons, en revanche, l’immense instrument, si lourd qu’il faut un cheval pour le traîner, et dont les sons assourdissants mettent en fuite les chiens les plus aguerris.

Dès l’arrivée de la neige, chaque année, les joueurs d’orgue de Barbarie disparaissent. Mais, hélas ! ils reviennent toujours au printemps, avant les hirondelles.

 

La Patrie (Montréal), 18 février 1905.

L’illustration est la une de La Patrie du 18 février 1905.

Demain : suite et fin.

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