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L’hiver, «le temps de l’intimité»

carnaval sainte agatheDans son ouvrage L’homme et l’hiver au Canada (Gallimard et Éditions universitaires, Laval, 1957), le géographe français Pierre Deffontaines (1894-1978) conclut ainsi la portion du livre qu’il consacre au «Canada français».

L’hiver canadien est bien un état de siège, mais les assiégés ont triomphé de l’ennemi; malgré sa rudesse, la saison froide est devenue pour eux une saison aimée, peut-être comme on aime une victoire gagnée. C’est le temps de l’intimité, on se retrouve entre soi, en réunions et fêtes, on se visite, on se courtise, on a du temps pour se connaître; la maison, la famille, l’église prennent toute leur importance.

L’hiver est en partie responsable de cette vie familiale solide, nombreuse, active et fidèle. On lui doit une morale et aussi une psychologie; les froids ont appris à être prévoyant; l’inquiétude de l’hiver plane toujours; le Canada est un pays de «difficultés durables», on ne peut se permettre de vivre au jour le jour, comme dans les pays de «facilités continuelles».

L’hiver a obligé à se suffire, à se débrouiller; il a été une école d’invention, de bricolage; il a réclamé une ingéniosité constante, pour la maison, la nourriture, le vêtement, le transport; il fut le grand éducateur du Canada.

C’est peut-être aussi l’hiver qui a gardé au pays son originalité; pendant cette saison d’isolement, de vie recluse, les Canadiens français, protégés de tout contact avec d’autres peuples, notamment les Anglos-Saxons, qui les enserrent et même les submergent presque, durant les autres saisons, vivent l’hiver repliés sur eux-mêmes et sur leurs traditions. […]

Peut-être qu’une des meilleures définitions, une des plus fondamentales qu’on puisse donner des Canadiens français, est d’être les hommes qui ont gagné la bataille de l’hiver laurentien; ils sont les fils de leur hiver.

 

La photographie d’Adrien Hubert prise en 1960 est celle d’une des activités du Carnaval d’hiver laurentien de Sainte-Agathe-des-Monts. Elle est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec dans le Vieux-Montréal, Fonds ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Office du film du Québec, Documents traités, Cote : E6, S7, SS1, D225861.

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