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Bien piètre service téléphonique à Montréal

hector charlandDans Le Bulletin du 6 décembre 1908, celle qui signe Tante Minette tempête.

Je ne sais si je me trompe, mais je ne crois pas qu’il y ait dans tout le Dominion une ville plus mal servie au téléphone que Montréal ! […]

Ce qu’on se plaint du service téléphonique et des jeunes filles qui y sont préposées ! on ne saurait assez le proclamer. […] Vous avez cru comme moi, n’est-ce pas, que le téléphone avait été inventé pour épargner du temps et des pas ? Détrompez-vous; à Montréal il est bien entendu qu’il ne faut pas être pressé pour user de cet instrument de torture, ce n’est pas exagéré, autrement vous en attraperez la jaunisse.

— 1215, dites-vous à la jeune fille qui vous demande d’un ton languissant : Number ?

— 1218, se hâte-t-elle d’ajouter, et prestement disparaît sans attendre votre réponse, ou bien répète-t-elle le numéro demandé, elle vous promènera à trois ou quatre endroits différents avec une aisance et une dextérité que vous ne trouvez que là.

Que dire maintenant de la communication fermée au beau milieu d’une conversation sérieuse, d’une attente prolongée au téléphone, alors que ces demoiselles s’amusent à je ne sais trop quoi, mais ne répondent à votre appel que lorsqu’il leur plaît de le faire. De la correspondance que l’on vous ferme au nez lorsque vous voulez faire quelques observations, ou de la ligne qu’on vous dit engagée pour se venger des remarques que vous venez de leur faire, et, que sais-je ?

Elles avaient autrefois un truc qui peut bien ne pas leur être passé et qui consistait à vous proposer, à toute minute, le bureau des réclamations; ces demoiselles faisaient venir alors une de leurs compagnes, et là, sans vous en douter, pris au piège habilement tendu, vous teniez votre cour en enfer et vous aviez le diable pour juge.

Cette ruse, trop de fois répétée, éveilla l’attention d’une abonnée qui parvint à découvrir le pot aux roses, s’enquit du véritable numéro dudit bureau, et put s’en servir au besoin. Pour être juste, cela n’avance guère les affaires, car, pour la Compagnie qui nous occupe, le confort de ses abonnés semble être le dernier de ses soucis, mais au moins, cela soulage de dire de temps en temps sa façon de penser.

Voilà où nous en sommes. Comme vous le voyez, la réforme s’impose urgente, seulement reste à savoir qui l’entreprendra cette réforme, qui l’attachera ce fameux grelot. Tous s’accordent à dire que le service téléphonique est devenu un martyre, mais personne n’a le courage de prendre les moyens de l’améliorer.

 

Ci-haut, le comédien Hector Charland (1883-1962), originaire de L’Assomption, qui, parmi ses nombreux rôles, incarna Séraphin Poudrier, dans Les Belles Histoires des Pays d’en haut, à la radio, au théâtre et au cinéma. La photographie prise par Conrad Poirier (1912-1968) le 23 septembre 1948 est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec dans le Vieux-Montréal, Fonds Conrad Poirier, Photographies, cote : P48, S1, P16945.

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