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La grande Sarah Bernhardt rudement reçue à Québec

Sarah Bernhardt

Le quotidien montréalais La Patrie en fait sa une le mercredi 6 décembre 1905.

Québec, 6 — Un certain nombre d’individus ont fait une démonstration hostile à Sarah Bernhardt, hier soir. La police avait sans doute eu vent de l’affaire, car, un peu avant la représentation de l’Auditorium [aujourd’hui le théâtre Capitole à place d’Youville, dans le Vieux-Québec], un fort détachement de constables avait été placé en arrière de la halle Montcalm, dans le but d’intervenir promptement s’il se produisait quelque désordre.

Il y a bien eu des discussions un peu vives parmi la foule, à la porte du théâtre, mais rien d’anormal ne s’est alors produit. C’est après la représentation, vers 12.30, alors que Sarah Bernhardt et les membres de sa troupe se rendaient à la gare du Pacifique, que la célèbre tragédienne s’est fait siffler et huer, à St-Roch, par quelques individus.

Un journal du matin prétend que des femmes de la troupe ont été menacées de coups de bâton, cela est heureusement faux. Mais des œufs ont été lancés sur Mme Bernhardt et ses acteurs pendant que les voitures qui les portaient filaient à toute vitesse vers la gare. L’actrice et ses compagnons sont arrivés sains et saufs à la gare, où se trouvait un détachement de police. Quelques minutes après, un train spécial les emportait vers Ottawa.

En page 12, La Patrie conclut : «Rien ne fait plus mal à la province de Québec, à la race française, que des équipés et des coups de tête de ce genre.

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Depuis Québec, le 7 décembre, le premier ministre du Canada, Wilfrid Laurier, a fait parvenir à Sarah Bernhardt, à Ottawa, un télégramme d’excuse se lisant ainsi :

Québec, 7.

Madame Sarah Bernhardt, Ottawa, Ont.

Je regrette, madame, plus que je ne saurais l’exprimer, les actes de violence dont vous et votre compagnie avez été les victimes en quittant Québec. Je n’ai appris qu’à mon arrivée ici, hier, ce qui s’était passé la nuit d’avant, et je vous exprime l’universel regret causé par une conduite si indigne d’une ville si fière de son hospitalité renommée et de sa courtoisie.

La Patrie, 9 décembre 1905.

 

L’illustration provient du journal Le Monde illustré (Montréal) du 5 mai 1888.

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