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«Propos agricoles. Le coq»

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Certes, le fameux chant du coq ne me déplaît pas à entendre quelques fois de loin, de très loin… de plus loin encore.

Je trouve qu’il met une note pittoresque dans le concert champêtre que la campagne donne tous les matins à l’occasion de son petit lever.

C’est évidemment le coq qui chante la partie du ténor dans la cantate interprétée tous les matins par l’«Harmonie des bruits de la Nature», et où le bœuf fait la partie basse-taille. Mais son chef d’orchestre s’est-il donc plaint qu’il ne chantait ni assez souvent ni assez fort ?

On prétend que c’est le coq qui, par son chant, réveille les laboureurs. Les laboureurs ont donc l’oreille si dure qu’on veuille que les coqs poussent leurs cris perçants cent fois par heure et cela toute la journée ? Il me semble que lorsqu’un coq a chanté trois ou quatre fois à tue-tête contre la fenêtre d’un laboureur endormi, si celui-ci persiste à rester couché, c’est qu’il a pour ne pas se lever des raisons suffisantes.

Et il me semble aussi qu’une fois réveillé et debout, un laboureur ne doit avoir qu’un désir, c’est que son coq lui laisse bien la paix. De quel droit le coq, qui se couche comme les poules, force-t-il tout le monde à se lever dès qu’il n’a plus sommeil ?

Que le soleil, dont l’existence se passe à se lever et à se coucher, fasse son entrée à l’heure qui lui plaît, c’est son affaire; mais pourquoi le coq se mêle-t-il de l’annoncer si bruyamment à la porte du salon, quand celui-ci n’est encore qu’au dortoir ?

Il y a des gens qui, à l’imitation du coq, n’aiment pas qu’on continue à dormir quand ils sont réveillés. Ce sont des égoïstes et des personnages insupportables. Mille fois impardonnables sont les coqs qui, eux, n’ont même pas l’excuse de vous réveiller pour ne pas être seuls et pour pouvoir faire avec vous un brin de conversation.

C’est par tyrannie, par esprit de contradiction, par taquinerie, que les coqs réveillent les paisibles endormis, au moment peut-être où il se consolent avec de doux rêves des amertumes de la réalité.

 M. Z.

 

Le Bien public (Trois-Rivières), 6 décembre 1910.

Ce coq multicolore, en bois sculpté, ne porte malheureusement aucune signature. Les traces d’usure, son bec épointé en particulier, laissent croire qu’il a servi de jouet à un enfant.

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