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«Les feux de la Saint-Jean»

feux de la saint jean

Nous sommes ici à Montréal.

Suivant une coutume aussi ancienne que notre race et renouvelée en ces derniers temps, on inaugurera ce soir par des feux de joie la célébration de notre fête nationale.

Un immense bûcher a été dressé au Parc La Fontaine et, à dix heures, ce soir, l’hon. M. Béïque, en sa qualité de président général de l’Association Saint-Jean-Baptiste, entouré des principaux officiers de l’Association, mettra solennellement le feu.

On croit qu’il y aura cinquante mille personnes présentes à ce spectacle.

On lancera aussi de nombreuses pièces pyrotechniques et le spectacle sera féérique.

La cérémonie sera précédée de chants et de discours patriotiques. Un chœur de deux cents voix, sous la direction de l’échevin Hébert, donnera de vieux airs nationaux.

Cette coutume des feux de la Saint-Jean est plus ancienne même que la Saint-Jean-Baptiste. Car c’était déjà la coutume des vieux Gaulois de célébrer par des feux allumés sur les hauteurs le solstice d’été.

Le Christianisme, sans heurter de front la coutume, y donna un caractère religieux et les feux de la Saint-Jean furent dès lors partie de l’héritage traditionnel de la race française.

Au cours de tout le Moyen Age, ils disent la joie générale, et nos ancêtres les emportèrent de l’autre côté de l’Atlantique.

Dès les premières années de la colonisation française, la Saint-Jean fut solennellement célébrée et toujours la fête commençait par les feux. Le Conseil Supérieur s’ajournait même à l’occasion de cette fête.

Dès 1636, on constate au pays les premiers feux de la Saint-Jean et la tradition se maintint. En 1666, la fête fut particulièrement solennelle. Mgr de Laval et le marquis de Tracy, alors gouverneur, y présidèrent.

Et la coutume s’était répandue dans tout le pays, car on note — comme une exception évidemment — qu’elle ne fut pas célébrée aux Trois-Rivières, à la suite de difficultés entre le gouverneur et le gardien du magasin.

Par où l’on voit que la fête de ce soir prolongera simplement à travers les siècles les naïves réjouissances des aïeux.

 

La Patrie (Montréal), 23 juin 1903.

L’illustration provient de l’hebdo montréalais Le Monde illustré, 30 juin 1900.

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