Comment traverser le vieil âge
Autrefois, au Québec, à la campagne, quand venait la vieillesse, on avait recourt à la donation. Je serais bien incapable de dire si cette pratique a toujours cours. Dans La Tribune (Saint-Hyacinthe) du 1er juin 1894, Augustin Lellis raconte ce qu’est La pension des vieux habitants.
C’est la coutume chez les habitants, lorsque le dernier garçon se marie, que le père et la mère se donnent à lui, en pension.
La maison, qui est trop grande pour les jeunes époux, est divisée en deux parties, dont l’une est occupée par les parents du marié. Ces vieux cultivateurs ont donc livré à leur fils cette portion du sol qu’ils aiment de tout leur cœur, où ils ont dépensé leur vie, mais qu’ils n’ont plus la force de labourer et d’ensemencer.
En retour, il faut que l’enfant leur fournisse le pain quotidien, qu’ils ont gagné à la sueur de leur front.
Deux vaches qui ne meurent pas, un cheval tout attelé pour se promener et aller voir les autres enfants, quinze quintaux de farine de blé rendus dans le grenier, deux douzaines d’œufs par semaine, pendant la ponte des poules, un gros dindon pour le premier de l’an, des poulets quand ils sont malades, un baril de lard salé avec l’eau de Pâques, dix minots de patates, huit minots de pommes du verger; aux étrennes, un costume de flanelle pour vêtir grand-papa.
Voilà ce qui constitue chaque année la pension des habitants. Ils vendent ce qu’ils ont de trop, et achètent du sucre pour faire des confitures et sucrer leur thé.
Ils vivent heureux dans leur simple logis dont les planchers sont couverts de grossiers tapis, et le bois pétille, le soir, dans la grande cheminée, près de laquelle le vieux paysan et sa bonne vieille causent des jeunes années et de leurs anciennes amours, en berçant sur leurs genoux le bébé de leur belle-fille, qu’ils entendent filer de l’autre côté.
C’est le temps du repos et de la prière, c’est le temps du chapelet, en attendant la mort.
Je me suis toujours dit que si cela paraissait charmant de l’extérieur, le bonheur des chers vieux parents devait être bien tributaire de leur progéniture… Tous les enfants et beaux enfant ne font ( et ne faisaient) sûrement pas toujours bon accueil à leurs vieux.
Les chaumières recèlent bien des secrets même dans les campagnes les plus ravissantes…
Mais bon, soyons positifs, il y avait sûrement de nombreuses des familles qui vieillissaient heureuses!
Votre propos, Silvana, me ramène à ce dicton chinois : Chaque famille a un livre qu’il ne serait pas bon de lire à voix haute.