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Gaspé, un abri sûr, une courtepointe de plusieurs nationalités

bassin de gaspeÀ l’été de 1905, le journaliste Joseph-Auguste Galibois décide de visiter la Gaspésie de Gaspé jusqu’à New Richmond, 28 paroisses d’une terre de légendes. Voici des extraits de son premier billet dans L’Album universel (Montréal) du 10 juin 1905.

L’intérieur de la péninsule de Gaspé se divise en deux parties bien distinctes. Dès l’entrée, nous apercevons dans toute son étendue une belle nappe d’eau, calme comme un lac, de vingt milles de long [32 km] sur huit de large [13 km], qu’on appelle communément : Baie de Gaspé.

Cette baie, que ferment au fond deux pointes de sable, en laissant entre elles cependant un canal navigable pour les plus gros vaisseaux, prend ensuite le nom de Bassin de Gaspé à l’extrémité ouest duquel se trouve la ville. De chaque côté de la baie, et parallèlement, s’élèvent de hautes montagnes boisées. Au sud, ces montagnes sont d’inégales hauteurs; petites auprès des grandes, elles n’offrent à l’œil qu’un tableau sans symétrie et sans beauté.

Sur le côté nord, au contraire, elles s’étagent et se disposent en une ligne droite au sommet, formant un cadre harmonieux à l’établissement de Grande Grève, dont le site est d’ailleurs agréablement diversifié par des coteaux, des vallons, des arbres et des groupes de maisons.

En avançant vers l’entrée de la Baie, ces belles montagnes en s’inclinant ont la politesse de se retirer de la mer et leur base offre alors un espace plus uni sur lequel se sont fondés d’importants postes de pêche.

La Baie et le Bassin de Gaspé sont la gloire des marins de la côte du sud. Il n’est pas en Amérique, affirme Nicolas Denys, — et Bayfield l’admet également — de havre plus sûr contre tous les vents, et, au dire des vieux navigateurs, Gaspé fut toujours le port du salut des vaisseaux battus par la tempête au large de Forillon ou de la Pointe St-Pierre.

«Pourvu que nous doublions le cap du Pénouil» invoquaient en leur langue barbare les vieux marins basques dans leur angoisse, «nous sommes sauvés. À Gaspé, protection sûre et refuge contre Eole et ses bourrasques.»

La ville est bâtie sur une langue de terre située à l’embouchure des rivières Darthmouth et York, et, eu égard à sa population actuelle, couvre une très grande étendue. Cette population dont j’ignore le chiffre exact est d’une couple de mille âmes, et composée d’éléments divers.

Anglais, Écossais, Irlandais, Canadiens, Jersiais, Acadiens et Juifs se coudoient chaque jour sur les quais, sur le pont des navires ou à la buvette dans la plus étrange promiscuité, si l’on veut bien entendre par ce mot, mais sans le prendre en mauvaise part, un mélange extrêmement confus de toutes les races.

Gaspé est très commerçante : pied à terre usuel de la plupart des côtiers; excellent port d’expédition de bois en Angleterre : «The Calhoun Lumber Coy», «The Gaspe Lumber Coy», agglomération de sociétés de pêcheries dont les plus importantes sont Robin Collas et William Fruing, qui ont leurs bureaux ici, il ne manque à cette ville qu’un chemin de fer pour accroître son commerce de bois et lui donner un élan inconnu jusqu’ici.

Quand le chemin de Causapscal sera construit et que Gaspé recevra, comme port de mer le plus rapproché, tout le bois de cette riche région, je ne vois pas pourquoi elle n’ambitionnerait pas sous ce rapport le rôle même que va jouer Clark City sur la côte Nord. N’est-elle pas de beaucoup moins éloignée que les Sept-Îles des acheteurs européens ?

 

La carte postale d’Albina à Eugénie Paré, une vue du Bassin de Gaspé, est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec dans le Vieux-Montréal, Fonds Laurette Cotnoir-Capponi, Cartes postales, cote : P186, S9, P26.

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