Connaissez-vous Quick et Flupke, deux gamins joueurs de tours imaginés par Hergé ?
En voici un à Montréal qui aurait très bien pu nourrir l’imagination du dessinateur belge. La Patrie du 17 juin 1907 lui donne sa une.
Non content d’avoir sonné une fausse alarme à l’avertisseur, situé à l’angle des rues Ontario et St-Urbain, un gamin, fatigué par la chaleur du jour et ne pouvant se payer une course en automobile, jura de s’offrir un sport autrement émotionnant et réconfortant. Il était à ce moment 9 heures 25.
Le futur pompier vola dans la direction d’où viendraient les «pompes» et attendit au débouché d’une rue le dévidoir de la caserne No. 6, qui arrivait au galop furieux de deux vigoureux chevaux. Bondissant dans la rue, le gamin cria aux pompiers : «Je sais où est le feu…… Je vais aller vous conduire…. C’est dans cette direction-là…..»
Ce disant, le gamin sauta sur le marchepied de la voiture, cependant que les chevaux, après avoir ralenti leur course un instant, repartaient ventre à terre.
Le nez au vent, le «guide» improvisé savourait avec volupté l’air frais qui lui fouettait la figure :
— «Gee… cela fait du bien ! Dans les jours de chaleur… il n’y a rien comme les pompes…. Si Charlie me voyait !»
Ainsi soliloquait le bonhomme.
«Sur la rue Sherbrooke au coin de la rue Mance», cria-t-il aux pompiers, voulant indiquer l’endroit précis où était le feu.
On arrivait au pied de la côte de la rue Mance, conduisant à la rue Sherbrooke. C’était le temps de déguerpir, la promenade était finie. Prestement, le bambin sauta à terre et pendit ses jambes à son cou. Il détala sans même dire merci.
Pas un seul instant les pompiers n’en avaient soupçonné qu’ils étaient le jouet d’un farceur, mais ils ne furent pas lents à s’en rendre compte en voyant leur «pompier volontaire» prendre congé d’eux de cette façon.
Et ils retournèrent à la caserne. Toute la brigade du centre de la cité avait été mobilisée pour la circonstance.