Roméo et Juliette
Le correspondant du journal La Patrie à Sherbrooke, dans les Cantons de l’Est, envoie cette nouvelle au quotidien montréalais le 31 mai 1901.
Un ouvrier de ferme de Fitch-Bay, amoureux d’une cousine âgée de 16 ans, l’a décidée à le suivre dans la nuit de mercredi, pour aller contracter mariage aux États-Unis. Les parents de la jeune fille ne s’aperçurent de sa disparition que tard mercredi matin.
Le père se mit aussitôt à leur poursuite et fit jouer le télégraphe pour opérer leur arrestation. La police de plusieurs villes fut avertie et chargée en même temps de les tenir sous bonne garde si elle mettait le grappin dessus.
C’est la police de Coaticook qui eut l’heureuse bonne fortune de découvrir les deux fuyards à bord du train du Grand Tronc en route pour les États-Unis. Ils furent conduits et enfermés dans une chambre de deuxième étage de l’hôtel Thorndyke.
Un policier veilla dans le corridor. Le père averti arriva à Coaticook par l’express de minuit. La plus cruelle déception l’attendait. Il trouva la chambre vide. Une échelle placée sous la fenêtre des deux amoureux par une main amie leur avait permis de s’échapper sans donner l’éveil à l’officier qui arpentait le corridor en face de leur chambre depuis 9 heures du soir.
On fit des recherches inutilement jusqu’à Dixville. Le couple est envolé au-delà du 45 et il est à l’abri des lois canadiennes. Le père est furieux, mais il est trop tard pour recouvrer sa fillette.