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Québec est une double ville

quebec terrasse dufferin noir et blancPaul Duvert est le chroniqueur attitré de l’hebdomadaire de Montmagny, La Sentinelle, qui voit le jour en mai 1883. Dans le numéro du 21 mai 1883, il propose un texte sur la ville de Québec.

Enfin, oui enfin ! Québec vient de secouer son long engourdissement. L’hiver produit sur lui un l’effet d’un puissant narcotique; tout y dort jusqu’à ce que le soleil soit venu faire disparaître de ses rues cette vaste et profonde couche de neige, qui le retient comme dans une camisole de force.

Du premier coup d’œil, on reconnaît deux villes bien distinctes dans Québec : la ville d’été et la ville d’hiver.

Nous venons pendant ces derniers mois de faire l’expérience de ce qui se passe à Québec alors ville d’hiver. C’est d’abord le froid, un froid de 200 à la moyenne qui fait forcément respirer l’éther à ses habitants et l’heure du sommeil arrive bien tôt. Une première conséquence de la température, c’est de chasser les promeneurs de la terrasse Dufferin et de les tenir claquemurés dans leurs demeures. Puis vient le véto porté à la navigation par la prise du pont de glace; de leur côté, les rues disparaissent sous la neige, et enfin Québec dort.

Mais Dieu merci, quand le temps du réveil apparaît, tout est en activité et en liesse. Le soleil anéantit bientôt tout le travail qu’a pu faire le froid pendant ces derniers mois. Québec voit son épais linceul se déchirer rapidement, les rues se découvrent, et le pavé résonne sous les pas des promeneurs et des affairés. Jusqu’à la calèche qui recommence ses courses cahoteuses à travers les rues de Québec.

La couche de glace qui recouvre le fleuve se pulvérise et les quelques glaçons épars qui subsistent font place à une infinité de barques et de goélettes; le port se couvre d’une foule de steamers venant de toutes les parties du monde.

Et la terrasse ! que dirais-je de cette immense plateforme qui avec ses 75,000 pieds de surface ne peut contenir ses promeneurs ? Puis le grand et le petit belvédères…….. et puis,…….. quelle infinité de choses ! C’est alors que nous avons la ville d’été; Québec veille.

C’est pendant qu’elle veille qu’il faut voir notre vieille capitale. Les Français ont trouvé un mot pour qualifier les délices de Paris; ils ont dit qu’on respirait la Parisine; est-ce que nous n’aurions point la Québécine ! La Parisine est peut-être plus magique dans ses effets, plus enchanteresse, plus pshutt si l’on veut, mais il s’y rencontre parfois des émanations fétides que n’offre point notre Québécine. Vive la Québécine !

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