À nouveau un prophète prévoyant la fin du monde

Qu’a-t-on, durant le dernier tiers du 19^e siècle, à entretenir les populations de la fin du monde ? Quelle est cette peur soudaine ? En voici un nouveau : l’Américain Seth Pancoast. Le Canadien du 12 février 1886 lui donne la parole.

Le Dr Seth Pancoast, de Philadelphie, médecin éminent et l’auteur de plusieurs ouvrages importants, est aussi un grand cabaliste et est reconnu parmi les adeptes des sciences occultes comme l’un des plus fameux théosophistes et l’une des meilleures autorités sur la doctrine mystique et cabalistique du monde entier.

Il n’est donc pas étonnant, si l’on considère l’orgueil de l’homme, que ce docteur se croit aussi savant que Dieu et qu’il annonce d’avance l’époque de la fin des temps.

Il divise le temps en sept cycles, de 354 années et quatre mois chacun. D’après lui, nous sommes entrés dans le septième depuis 1878. Nous y resterons encore cent soixante-dix-sept années. Alors commencera une période de décadence, et, en l’année 2332, la roue aura fait le tour, le cycle sera complété, et la fin du monde arrivera.

De notre époque jusqu’à l’année 2055, dit le Dr Pancoast, l’univers fera de rapides progrès dans les inventions les plus merveilleuses, si bien que l’homme tiendra les secrets du monde dans sa main, et atteindra un degré d’intelligence qui comprendra la plus forte partie du plan de l’univers physique et sera capable d’éviter ou de vaincre la plupart des influences qui menacent sa vie ou son existence.

Tout le genre humain avancera merveilleusement et rapidement en intelligence et en puissance et la faculté d’amasser des richesses sera bien au-delà de tout ce que l’imagination puisse concevoir maintenant.

Les hommes non seulement pourront découvrir l’or partout où il existe, mais il n’aura plus la même valeur, car les chimistes seront capables d’en faire. Il sera aussi commun que le fer. Les hommes pourront satisfaire leurs besoins sans faire autant d’efforts qu’aujourd’hui.

Quant à l’année 1886, dit-il, rien n’est plus clair que ce sera une année de grande prospérité, particulièrement en Amérique et surtout pour les gens qui travaillent de leurs mains. Un grand nombre de personnes ignorent le fait qu’il n’y a jamais eu un temps dans l’histoire du monde où le travail tant l’homme de métier, et l’homme et la femme qui travaillent dans n’importe quel état aient été si confortables, si bien pourvus, aussi indépendants, et autant considérés dans l’échelle sociale qu’ils le sont dans ce pays de nos jours [sic].

Jamais en aucun temps de notre pays, le journalier a pu acheter autant pour son argent. Mais l’année 1886 sera remarquable pour le plus grand degré encore de fortune et de bien-être dont jouiront les pauvres et les artisans par tout l’univers, mais surtout dans ce pays.

Il pourra se faire, continue docteur Pancoast, que l’année soit marquée par une grande guerre en Europe, bien que, si cela a lieu, elle sera de courte durée et sera suivie d’une grande prospérité. Ce pays gagnera à chaque lutte qu’il y aura en Europe. Le temps n’est pas éloigné que toutes les difficultés internationales seront réglées sans la force des armes.