La pluie à l’aube
L’écrivain norvégien Rolf Jacobsen s’est nourri non seulement du monde technique et de la vie urbaine, mais aussi de l’éternelle source d’inspiration des poètes nordiques, la nature. Ce texte-ci fut publié en 1956 dans son recueil L’été dans l’herbe.
Il paraît dans un numéro spécial scandinave de Lettres Nouvelles, «Écrivains du Danemark, des Îles Féroé, d’Islande, de Norvège» (Paris, déc. 1973-janv. 1974).
La pluie à l’aube
Patiente pluie du matin, elle attend près de la barrière,
Jambes nues, dans une robe pauvre, comme une mendiante,
Longtemps, dans les prés, dans les bois, elle se tient à attendre
Et derrière la vitre, sans une parole, elle me regarde quand je dors.
Pluie du matin qui tourne en silence, autour des barrières, autour des maisons,
Pourquoi tes pas sont-ils si tranquilles, pourquoi tes pieds si lents ?
Qui es-tu ? Le blanc été lui-même ? Qui t’a envoyée
À la maison des hommes où personne ne connaît plus les robes de pauvres ?
Mais où tu tournes les prés s’éclairent et tu donnes à l’herbe
La plénitude de ta paix. Qui es-tu
Toi qui chantes sans une parole la solitude du cœur de Dieu
Et couvres d’aveugles caresses les vitres d’ici ?
La photographie de Rolf Jacobsen (1907-1994) apparaît sur le site Sammensatt norsk.
Toujours extrait de ce numéro de Lettres nouvelles, on trouve aussi sur ce site-ci un poème de l’écrivain islandais Hannes Pétursson, une jeune fille qui s’adresse à son amoureux ne donnant plus de nouvelles.