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Des nouvelles de Berthier

boeuf attele par les cornes berthier

Le 8 janvier 1885, le correspondant du journal Le Canadien à Berthier y va de cette chronique.

Puisqu’à tout seigneur tout honneur, commençons à parler du temps. Depuis le 30 décembre, il n’y eut pour bien dire que trois jours ensoleillés, et tout le reste du temps il a plu assez fortement, surtout le jour des Rois.

La neige est presqu’entièrement disparue dans les champs et les chemins, qui à maints endroits sont presqu’impraticables pour les traîneaux. Avant les dernières pluies cependant, les bûcherons ont fait avec aise une grande quantité de bois, ce qui fait qu’actuellement on peut se chauffer à bon marché.

Le commerce des denrées et des céréales dans Berthier, St-Cuthbert et St-Barthélemy est plus ou moins lent. Les greniers et les granges sont remplis, mais les cultivateurs sont récalcitrants et les commerçants ne veulent point démordre des prix qu’ils ont décidé de payer.

Entre Berthier et Sorel, on traverse depuis quelque temps sur la glace et avec grand plaisir, car le chemin est tout le long sur glace vive.

On n’a commencé que la semaine dernière à passer sur la glace entre Berthier et Lanoraie, où la glace a marché la veille même du jour de l’An, ce qui, de mémoire de vieillard, n’était pas arrivé depuis des années très reculées. […]

L’eau est très haute et la glace peu épaisse; cette dernière s’est amoncelée comme une vingtaine de pieds en hauteur [sic] sur la première caisse du nouveau quai qui a été construite l’automne dernier.

 

La photographie vers 1920 de quatre garçons prenant place dans une charrette tirée par un bœuf sur une route près de Berthier est de Earle Hooker Eaton, représentant de presse à New-York pour le compte de la Canadian Pacific Railway. Elle est déposée à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Québec, Collection initiale, Photographies, cote : P600, S6, D5, P77.

Sur cette image, il faut noter que le bœuf est attelé par les cornes. Dans mon ouvrage Les Quatre Saisons dans la vallée du Saint-Laurent, j’écris au sujet de cette manière de faire :

La pratique de faire tirer les bœufs par les cornes remonte aux Égyptiens. Quatre mille ans avant Jésus-Christ, des bas-reliefs laissent voir un joug, ayant la forme d’une mince barre de bois, lié aux cornes de deux bovins. C’est le joug à cornes, le plus vieil attelage connu. En Espagne, au Portugal, dans le centre de la France et sur les rives de la Baltique, il subsistera jusqu’au 19e siècle. Ailleurs, cependant, on le remplacera petit à petit par le joug à garrot, s’apparentant au carcan et s’appuyant à la base du cou, sur le renflement de l’épine dorsale. Le joug à garrot permet à l’animal une plus grande force de trait.

Au début du 19e siècle, dans les foires agricoles, au Québec, un habitant se présentera-t-il au concours de labour avec des bêtes attelées à un joug à cornes, qu’il sera pointé du doigt et s’exposera aux quolibets.

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