Le frisson ravissant d’un baiser brûlant
Vous cherchiez sans doute l’explication de ces baisers qui procurent une jouissance extatique ? La voici enfin ! Le Canadien, quotidien de Québec, du 4 janvier 1884, dévoile les travaux menés à ce sujet par le scientifique américain H. P. Philbrock.
Si l’homme qui apprit un jour qu’il avait toute sa vie parler en prose sans s’en douter fut étonné, quelle sensation éprouveront les amoureux quand ils sauront qu’il y a de la science dans un baiser ? Avaient-ils jamais pris la peine de se demander pourquoi on éprouvait un plaisir si réel et si complet à donner un chaste et brûlant baiser à une femme ? Probablement que non.
Eh bien, un savant américain, M. H. P. Philbrock, qui a profondément étudié cette intéressante question sur toutes les faces — de la question, bien entendu — s’est chargé de l’expliquer. Dans une lecture qu’il a livrée dernièrement à New-York sur les baisers et leurs rapports à la science, il a déclaré que la raison pour laquelle un baiser est si doux, c’est que les gencives, les joues et les lèvres sont un composé de nerfs que l’apposition des lèvres étrangères sur ces parties nerveuses produit un courant électrique.
C’est ce qui explique le frisson ravissant qui circule dans les veines et rapproche les paupières, dans la jouissance extatique que procure le baiser échangé entre amoureux. Nous croyons que le professeur Philbrock perd un temps précieux en étudiant cette question pourtant palpitante. Il peut en retirer une satisfaction personnelle, mais le jeune homme qui savoure avec volupté dans le coin le moins éclairé du salon le nectar de deux lèvres roses et veloutées n’a guère le temps de penser à la science.
Le Canadien, 4 janvier 1884.
L’illustration ci-haut — Psyché ranimée par le baiser de l’Amour — est un marbre du sculpteur italien Antonio Canova (1757-1822). On raconte que, ce jour-là, Éros [l’Amour] est devenu éperdument amoureux de la belle Psyché dès qu’il la vit. On retrouve cette œuvre au Musée du Louvre, à Paris.